Vingt-sept pays s’inquiètent des futures règles commerciales avec le Royaume-Uni au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) après sa sortie de l’Union européenne, ce qui pourrait retarder les accords bilatéraux post-Brexit, a-t-on appris vendredi de sources proches de l’OMC.
Cette organisation basée à Genève est l’enceinte chargée de faciliter les échanges commerciaux entre ses 164 pays membres et de régler leurs différends commerciaux.
Bien que le Royaume-Uni en soit membre à part entière, il a depuis des décennies été représenté par l’Union européenne au sein de cette instance.
Mais le Brexit va avoir pour conséquence de contraindre Londres à renégocier ses accords commerciaux.
À l’approche de la date butoir de mars pour sa sortie de l’UE, le Royaume-Uni a proposé de répliquer les règles de l’OMC qu’il respecte actuellement en tant que partenaire européen, avec quelques modifications techniques.
Mais des sources proches de l’OMC ont indiqué à l’AFP que 27 pays avaient « soulevé des questions » au sujet de ces propositions, notamment sur les tarifs douaniers et les quotas agricoles.
« Tous ces pays disent qu’ils veulent quelque chose, qu’ils veulent une plus grosse part du gâteau », a expliqué à l’AFP le directeur du Projet de politique commerciale britannique, David Henig.
« Tant que le Royaume-Uni sera dans ces négociations (à l’OMC), cela pourra potentiellement retarder des accords bilatéraux avec d’autres pays », a-t-il ajouté.
Alors que les partisans du Brexit mettaient en avant les avantages que pourrait retirer Londres de ces renégociations, un tel retard pourrait avoir au contraire des conséquences économiques pour le Royaume-Uni.
Mais il faudra attendre la conclusion de l’accord sur le Brexit pour savoir dans quels termes seront renégociés les accords à l’OMC.
Intérêts nationaux
Beaucoup de questions soulevées par d’autres membres pourraient même disparaître si le Royaume-Uni restait dans l’union douanière de l’UE par exemple, ont souligné ces sources.
L’OMC reconnait que cette situation est sans précédent, mais fait remarquer que tant que les discussions se poursuivent, le commerce continue.
« La nature du débat qui s’instaurera va beaucoup dépendre du résultat de la négociation bilatérale entre l’UE et le Royaume-Uni », a souligné l’OMC dans un communiqué.
Une autre question est de savoir si les sociétés britanniques vont continuer à avoir le même accès aux appels d’offres pour les marchés publics des autres membres de l’OMC.
« Les autres pays peuvent décider de traiter ces sociétés comme avant, mais ils ne sont pas forcés de le faire », a mis en garde le Dr Lorand Bartels, spécialiste de l’OMC à l’Université de Cambridge.
Si Londres ne conclut pas un accord avec les autres pays de l’OMC, « les sociétés britanniques n’auront pas la garantie de pouvoir présenter une offre », a-t-il ajouté.
Selon le site économique MLex, la Russie est l’un des pays qui ont émis des objections aux propositions britanniques, affirmant qu’elles ne satisfaisaient pas aux obligations « prévues par plusieurs dispositions de base de l’OMC ».
D’autres pays ont dit clairement que les propositions britanniques leur seraient préjudiciables, a ajouté le site.
Ces développements illustrent les problèmes complexes que doit régler le Royaume-Uni pour renégocier des accords, alors que ses partenaires défendent leurs propres intérêts nationaux.
« La grande majorité de nos partenaires commerciaux n’ont aucune objection à l’égard de nos propositions », a toutefois affirmé dans un communiqué un porte-parole du ministère britannique du Commerce extérieur.