Le Chili a protesté hier contre l’asile accordé par la France à l’ancien guérillero chilien Ricardo Palma Salamanca, condamné dans son pays pour l’assassinat d’un des idéologues les plus importants de la dictature d’Augusto Pinochet, et demande au gouvernement français d’annuler cette décision.
Ricardo Palma Salamanca s’était échappé en 1996 par hélicoptère de la prison de haute sécurité chilienne où il purgeait sa peine à perpétuité pour l’assassinat en 1991 de Jaime Guzman, sénateur et théoricien du régime Pinochet (1973 – 1990), et l’enlèvement de Cristián Edwards del Río, fils du propriétaire du journal El Mercurio. Il avait été arrêté à Paris le 16 février après 21 ans de cavale.
L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a accordé l’asile à cet ancien membre du groupe de guérilla marxiste Frente Patriótico Manuel Rodríguez (FPMR), selon le gouvernement chilien. « Le gouvernement chilien n’est pas d’accord avec la décision prise aujourd’hui par l’office français des réfugiés d’accorder l’asile politique à Ricardo Palma Salamanca », a déclaré le ministre de l’Intérieur Andrés Chadwick à des journalistes.
L’ambassadeur français au Chili a été convoqué pour lui faire part du désaccord du gouvernement chilien, a annoncé M. Chadwick, tout en enjoignant le ministre de l’Intérieur français Christophe Castaner à « annuler cette décision », contrevenant selon lui aux normes de la Convention de Genève sur l’asile et la protection.
Le président chilien Sebastián Piñera, lors de sa récente visite en France, avait dit à Emmanuel Macron que la volonté du Chili était « très simple, qu’il (M. Palma Salamanca, ndlr) puisse retourner là où il a été jugé et condamné pour un acte terroriste ». Le groupe de guérilla FPMR, dont Ricardo Palma Salamanca faisait partie, était notamment à l’origine d’une tentative d’assassinat ratée contre Pinochet en septembre 1986.