Andrew Menck ne s’est jamais déplacé pour les élections de mi-mandat aux Etats-Unis mais, ce mardi, il a patiemment fait la queue devant son bureau de vote à Chicago afin d’exprimer son mécontentement à l’égard de Donald Trump.
« Je ne suis pas d’accord avec les actions du président », justifie l’Américain de 34 ans, qui se dit indépendant politiquement. Le bulletin qu’il a déposé est pour lui un référendum contre Trump, même s’il s’agit d’un scrutin législatif avec des composantes parfois locales.
« J’ignore s’il est réellement censé rendre des comptes. Les républicains contrôlent la Chambre et le Sénat », explique M. Menck, qui désire inverser la tendance au Congrès, pour y créer un véritable contre-pouvoir.
Dans ce bureau de vote au coeur de Chicago, un bastion démocrate qui a servi de tremplin à Barack Obama, les électeurs avaient commencé à s’aligner bien avant le lever du jour.
Premier arrivé, Jerry, un retraité de 64 ans, s’est levé aux aurores afin d’éviter la foule. Comme Andrew, il n’avait jamais voté aux « midterms » avant aujourd’hui. Il est républicain, « probablement le seul à Chicago », ironise-t-il.
« Démocrates cinglés »
« Les démocrates sont devenus cinglés », dit-il, en reprenant un thème martelé par le président Trump. « J’ai entendu dire que les démocrates voulaient donner le droit de vote aux immigrés clandestins », ajoute-t-il, même si cette idée n’est qu’une rumeur infondée.
Autre partisan de Donald Trump, James Gerlock, 27 ans, accomplit lui à chaque scrutin son devoir civique. Cette fois, il souhaite aider le président républicain à poursuivre sa politique. « J’adore sa déréglementation et je veux que cela continue à aller de l’avant », confie le jeune homme.
« Je suis extrêmement heureux de l’état de l’économie », assure-t-il.
La campagne électorale, qui s’est achevée lundi soir, a de l’avis général été marquée par des divisions d’une ampleur rarement constatée, et c’est ce qui a poussé Yorgo Koutsogiogasi, un sexagénaire, à venir voter aujourd’hui.
« Ce clivage est en train de déchirer le pays », estime ce démocrate qui a émigré en 1977 de Grèce. « Je vote pour des candidats que je considère capables de rassembler les gens plutôt que de les diviser »
Ailleurs dans le pays, la personne controversée de Donald Trump semblait également être souvent le moteur ayant poussé de nombreux électeurs à se déplacer vers les isoloirs.
« Jour charnière »
« Cela fait deux ans que j’attends ce jour », affirme Konstantinos Kostopoulos, un habitant de Miami, en Floride. « C’est un jour charnière. Un jour crucial. C’est un jour qui nous permet de nous réaffirmer Américains ».
« C’est un référendum sur la présidence de Trump », abonde de son côté Eloisa Alvarez, autre électrice de cet Etat traditionnellement pivot sur le plan électoral.
Dans un autre Etat sous les projecteurs, le Texas, des votants d’un bureau de Houston confirment l’importance de ce rendez-vous dans les urnes.
« J’ai le sentiment que le pays a besoin d’un coup de semonce », glisse Marcus Jackson, un étudiant.
Suneeta Gamini, une ingénieure en informatique, prévoit elle une issue locale serrée.
« Le Texas étant traditionnellement plutôt républicain, chaque vote compte si vous souhaitez faire la différence. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis déplacée pour voter aujourd’hui ».
Ayla Jeddy, en dernière année de lycée, a voté à New York. Elle a fêté ses 18 ans en septembre, juste à temps pour figurer sur les listes électorales.
« J’ai voté pour les candidats qui s’opposent à la plus choquante des politiques (de Trump): sa politique migratoire… et son attitude à l’égard des femmes en général ».
Puis, accompagnée de sa mère, elle repart de ce bureau de vote de Manhattan avec un autocollant « J’ai voté » collé sur ses habits. Direction son lycée.