Les présidents kosovar Hashim Thaçi et serbe Aleksandar Vucic se sont rencontrés aujourd’hui à Bruxelles pour tenter de relancer la normalisation des relations entre leurs deux pays sous l’égide de l’Union européenne, au point mort depuis juillet.
La Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Federica Mogherini a rencontré les présidents Thaci et Vucic, a indiqué sa porte-parole Maja Kocijancic. Il s’agit de la première rencontre entre les présidents serbe et kosovar depuis le 18 juillet. En septembre, une rencontre avait été annulée à la dernière minute en raison des tensions grandissantes entre les deux pays.
« Au cours de la rencontre d’aujourd’hui, nous allons confirmer le plein engagement du Kosovo pour parvenir à un accord global juridiquement contraignant avec la Serbie », a tweeté M. Thaci avant l’entretien. Avant la rencontre, M. Vucic a dit qu’il n’avait pas grand espoir de voir une percée mais qu’il était nécessaire de se parler, selon la radio serbe RTS. Après la réunion, qui a duré moins d’une heure, Mme Mogherini a indiqué qu’il avait été « décidé de rester en contact constant au cours des prochains jours afin d’assurer le suivi de la rencontre d’aujourd’hui ».
Elle a appelé les deux parties à s’abstenir de tout « propos, actions ou mesures contraires à l’esprit de normalisation », selon ses services.
Mme Mogherini a rappelé que les deux parties doivent parvenir à un accord de normalisation de leurs relations afin de faire des progrès sur la voie d’une future adhésion à l’UE. La Serbie refuse de reconnaitre l’indépendance de son ancienne province albanaise, déclarée en 2008 et reconnue par plus de 110 pays dont les Etats-Unis, et les trois quarts des pays de l’Union européenne.
Les discussions ont repris deux jours après que le Kosovo eut augmenté de 10 % les taxes d’importation sur les produits serbes, en rétorsion aux efforts diplomatiques déployés par Belgrade pour faire barrage à une reconnaissance de l’indépendance du Kosovo. En outre, la première tentative du Kosovo de créer sa propre armée, en octobre, a provoqué l’ire de Belgrade. Le parlement kosovar avait approuvé une loi prévoyant la transformation en armée régulière d’une force d’urgence entrainée pour gérer les catastrophes. La sécurité du Kosovo est assurée depuis la guerre entre la Serbie et la guérilla indépendantiste albanaise par des forces internationales sous la conduite de l’OTAN (KFOR).
En été, les deux présidents avaient évoqué la possibilité de procéder à des échanges territoriaux frontaliers pour normaliser leurs relations. Selon des médias, une région du Kosovo peuplée majoritairement de Serbes serait échangée contre une région du sud de la Serbie peuplée majoritairement d’Albanais. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a déclaré au début de la semaine que son pays « soutiendrait tout accord conclu entre Belgrade et Pristina ». « Je suppose que l’UE le soutiendra aussi même s’il prévoit un échange de territoires ou un accord sur des modifications de frontières » entre le Kosovo et la Serbie, a-t-il dit au cours d’une visite à Pristina.