Le journaliste saoud-américain, Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, a été tué pour avoir révélé le financement par Riyad d’une chaîne de télévision anti-iranienne basée en Grande-Bretagne, annonce un correspondant du quotidien britannique The Guardian à qui la victime avait accordé une interview fatale.
« Je peux insister sur le fait que Jamal Khashoggi a été tué parce qu’il m’avait appelé le 26 septembre, depuis Istanbul, et révélé que le prince héritier, Mohammed Ben Salman et Saoud al-Qahtani (Homme-clé de l’entourage du MBS et son conseiller médiatique, actuellement limogé) financent la télévision (anti-Téhéran) « Iran international basée à Londres », a annoncé le correspondant du quotidien britannique The Guradian, Saeed Kamali Dehqan, dans un tweet ce vendredi 9 novembre.
Dans un autre message posté sur Twitter, le journaliste a appelé le Guardian et la Turquie à approuver son tweet.
Saeed Kamali Dehqan a également demandé à sa famille et à ses amis de ne pas le contacter dans les circonstances actuelles.
Après avoir nié sa mort, les autorités saoudiennes, sous la pression internationale, avaient avancé plusieurs versions évoquant d’abord une ‘rixe’ ayant mal tourné puis une opération ‘non autorisée’ et dont le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme l’homme fort du royaume, n’avait ‘pas été informé’.
Mais les autorités saoudiennes ont fini sous pression internationale par avouer le meurtre dans leur consulat essayant toujours de garder à l’abri le Prince héritier Ben Salman.
Selon des informations, un commando saoudien de 15 agents a été dépêché à Istanbul pour tendre un guet-apens à Khashoggi et tuer le trublion journaliste au sein de la représentation diplomatique saoudienne à Istanbul. Un meurtre directement commendité via Skyp par l’influent conseiller du prince héritier Saoud al-Qahtani.
Le 20 octobre dernier, Riyad a finalement fait arrêter 18 suspects saoudiens et limogé deux des principaux collaborateurs du prince héritier, à savoir ce même M. Qahtani, conseiller « médias » à la cour royale et le général Ahmed al-Assiri, chef adjoint du renseignement.
Mais des analystes ont vu dans ces mesures une tentative de désigner des boucs émissaires et d’épargner ben Salmane, le jeune homme fort du royaume.
Dans un article paru le 2 octobre, le Guardian avait cité une source proche du gouvernement saoudien affirmant que la chaîne de télévision anti-Iran basée à Londres, qui se porte le nom d’« Iran International », a reçu environ 250 millions de dollars depuis la cour royale saoudienne pour se lancer.
Khashoggi a été assassiné le jour même de la publication du rapport sur le financement par Riyad de la télévision inféodée anti-Téhéran.
Citant la même source (Khashoggi), le Guardian avait affirmé que « Iran International » était financé par une entité offshore secrète et une société dont le directeur était un homme d’affaires saoudien ayant des liens étroits avec MBS à savoir ce même monsieur médias de la cour royale, Saoud al-Qahtani.
Plus tôt cet été, la télévision anti-iranienne avait été critiquée pour avoir salué un attentat terroriste sanglant visant la ville d’Ahvaz dans le sud de l’Iran et avoir couvrir en direct un rassemblement organisé par le groupuscule terroriste anti-Téhéran, des Mujahedine du peuple à Paris.
Aveuglé par son obsession de la menace iranienne, le clan Al-Salman qui s’appuie largement sur ses lunes de miel démarrées avec Washington et Tel Aviv sur fond de l’Iranopobie se trouve aujourd’hui face à une crise qui menace son trône.
Le Prince « réformateur » qui ne tolère aucune critique contre sa politique de plus en plus menaçante dans la région, voir le monde, compte pourtant vainement sur les baguettes magiques de ses alliés de circonstance Trump et de Netanyahou pour se sauver.