Les professeurs français se révoltent et vont organiser une grève

Ce lundi 12 novembre, tous les syndicats enseignants appellent à la mobilisation. En ligne de mire : les suppressions de postes dans le second degré, mais aussi un ras-le-bol général lié aux conditions de travail.

Au rectorat de Paris, on indique que la grève ne sera pas importante. Aucune école ne sera fermée, un service minimum d’accueil (SMA) étant prévu dans un établissement primaire parisien sur dix. Mais à Marseille, en Seine Saint-Denis, dans le Val-de-Marne, et plus généralement dans les quartiers populaires, les syndicats annoncent des écoles fermées.

C’est la première grève des professeurs contre Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation. Depuis le début du quinquennat Macron, les enseignants ont jusqu’alors défilé, de manière parcimonieuse d’ailleurs, dans les rangs de la fonction publique. Ce 12 novembre, tous leurs syndicats, des plus radicaux aux réformistes, appellent à se mobiliser contre la réduction des effectifs. Dans le second degré, 2650 postes d’enseignants seront supprimés, a annoncé le ministre en septembre. Rapporté au nombre d’enseignants travaillant dans les 7800 collèges et lycées de France, cela représente une réduction des troupes de l’ordre de 0,3%. Une goutte d’eau ?

Les organisations syndicales ne le voient pas ainsi. Les taux d’encadrement, mécaniquement, vont augmenter, d’autant plus que la démographie est à la hausse, font-ils valoir. Mais surtout, elles s’inquiètent d’un renversement de la tendance, après les 54.000 créations de postes du quinquennat Hollande. Avant lui, Sarkozy en avait supprimé 80.000, déclenchant la dernière grosse mobilisation enseignante en date.

Au-delà des chiffres, dix-huit mois après l’arrivée de Jean-Michel Blanquer rue de Grenelle, c’est «un ras-le-bol général», selon les mots de Stéphane Crochet à l’Unsa, dont les organisations syndicales veulent se faire l’écho.

Suppressions de postes à venir, évaluation annoncée des établissements, fusion des académies, réforme des retraites… Les motifs d’insatisfaction sont nombreux du côté des enseignants, appelés, en outre, à préparer la réforme du baccalauréat, qui arrivera dans les classes de Première en septembre 2020.

«Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, les enseignants sont repartis dans leur quotidien, avec l’approche des conseils de classe du premier trimestre», rapporte Jean-Rémi Girard, au Snalc. Mais il est clair que les collègues en ont ras le bol», fait-il valoir lui aussi.

Si Jean-Michel Blanquer convainc de plus en plus les Français – avec quatre points de gagnés par rapport au mois dernier, il devient le 4e membre du gouvernement le plus populaire, selon le dernier classement Paris Match-, c’est aussi grâce à son discours ferme et son appel à la lucidité après #pasdevague. Mais ce discours sécuritaire a nettement moins convaincu les enseignants, qui estiment que la présence de policiers dans les établissements scolaires ne va régler en rien les questions de gestion de classe. «Le professeur reste seul dans sa classe», résume Frédérique Rolet au Snes. Sarkozy avait déjà apporté cette réponse policière, sans que cela ne change les choses».

Agacés par les sorties médiatiques du ministre, les enseignants semblent blasés, y compris par les mouvements de grève en lesquels ils ne croient plus vraiment.