Le parlement tunisien a voté dans la nuit de lundi à mardi la confiance au nouveau gouvernement de Youssef Chahed, à la suite d’un remaniement qui avait été critiqué par le chef de l’État Béji Caïd Essebsi.
Ce remaniement, pour lequel M. Essebsi avait dit avoir été informé « à la dernière minute », a été approuvé à la majorité absolue. Le nouveau gouvernement de M. Chahed, en poste depuis plus de deux ans -un record de longévité depuis la révolution de 2011- est composé de treize nouveaux ministres. Les ministères de souveraineté comme l’Intérieur, les Affaires étrangères ou la Défense restent toutefois inchangés. Défendant son choix lors de la plénière de lundi consacrée au vote de confiance, Youssef Chahed a indiqué vouloir « renforcer l’amélioration des indicateurs de la croissance et de l’investissement (…), la création d’emploi » et limiter le déficit public à 3,9% dans le budget de 2019. « Ces deux dernières années, le gouvernement a travaillé sous des offensives politiques anarchiques, dont les tirs des amis sont plus forts que les tirs de l’opposition, ce qui a créé un état de flou malsain dans un régime démocratique », a-t-il encore commenté. Le différend entre les deux têtes de l’exécutif a fait couler beaucoup d’encre à l’approche des élections législatives et présidentielle de 2019. Nommé par le président, Youssef Chahed, 43 ans, est issu du parti Nidaa Tounes, fondé par Béji Caïd Essebsi mais qui est traversé par une profonde lutte de pouvoir impliquant également le propre fils du chef de l’État, Hafedh Caïd Essebsi. À la fois pionnière et unique rescapée du Printemps arabe, la Tunisie reste fragilisée par un chômage persistant au-dessus des 15% et une inflation dépassant les 7,5%, qui exacerbent des tensions sociales toujours fortes.