Les services de sécurité russes ont obtenu sous la contrainte des informations venant d’un informaticien travaillant dans une entreprise liée aux services consulaires britanniques, a affirmé vendredi le groupe d’investigation Bellingcat à l’origine de révélations dans l’affaire Skripal.
Dans une enquête publiée en collaboration avec le site russe The Insider, Bellingcat diffuse ce qu’il présente comme le témoignage d’un informaticien ayant travaillé jusqu’en 2016 pour une entreprise chargée de collecter en Russie les données de demandeurs de visa pour, entre-autres, la Grande-Bretagne et la Suisse.
Arrivé de Chine à Moscou en 2015, cet informaticien russe raconte à Bellingcat avoir vécu un enfer administratif pour régulariser la situation de sa femme d’origine étrangère et de son enfant.
Un agent des services de sécurité russes, le FSB, lui aurait alors promis de mettre fin à ses problèmes si l’homme signait un accord de coopération confidentielle, ce qu’il dit avoir accepté de faire.
Le FSB aurait ensuite exigé des informations sur son entreprise, TLSContact, et sur les transferts de documents venant des consulats avec lesquels la société collaborait, allant jusqu’à lui demander un accès au système britannique de gestion des visas.
L’informaticien serait finalement parvenu à quitter la Russie avant de satisfaire cette dernière demande et aurait demandé l’asile politique aux Etats-Unis.
Bellingcat suggère que ces pressions du FSB font partie d’une stratégie de renseignement plus large ayant permis en mars à deux agents russes présumés de se rendre en Angleterre avec des visas en règle pour empoisonner l’ex agent-double Sergueï Skripal et sa fille Ioulia.
La Russie dément toute implication dans cet empoisonnement, qui a provoqué une grave crise diplomatique.
Contacté par l’AFP, un porte-parole de l’ambassade britannique en Russie a affirmé que le travail de l’entreprise TLSContact était purement administratif et qu’elle n’était pas impliquée dans le processus d’acception des demandes de visas.
Selon Bellingcat, le témoignage de l’informaticien ne prouve pas que les services russes soient parvenus à s’introduire dans les systèmes de données occidentaux, mais illustre néanmoins « les efforts sur le long-terme de la Russie pour compromettre le système de délivrance de visas et obtenir des informations sur de possibles voyageurs ».