Selon une vaste étude menée par « The Guardian », sur les vingt dernières années, les partis politiques populistes ont triplé leurs votes partout en Europe.
Alors que les élections européennes approchent à grands pas, la percée, ces dernières années, des mouvements et des partis populistes, de droite comme de gauche, inquiète. Une vaste étude menée par The Guardian, en collaboration avec une trentaine de chercheurs en sciences politiques, vient confirmer ce 20 novembre la popularité de ces partis populistes. Avec un constat sans appel : un Européen sur quatre vote populiste en 2018. Soit 25 % de la population de toute l’Union contre 7 % il y a 20 ans.
Le Rassemblement national de Marine Le Pen et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le M5S Luigi di Maio et la Ligue de Matteo Salvini en Italie, ou encore le Fidesz de Viktor Orbán en Hongrie…, le populisme se répand partout en Europe. Avec une tendance nettement nationaliste pour certains mouvements. Le quotidien britannique a analysé comment ces partis politiques se sont comportés lors des élections nationales dans 31 pays européens, et ce entre 1998 et 2018. Selon les données collectées, la tendance populiste a constamment progressé sur ces deux dernières décennies et ne figure plus à la marge. Bien au contraire.
Un contexte économique et social difficile
« Aujourd’hui, le populisme est devenu mainstream », confirme dans les colonnes du Guardian l’un des chercheurs de l’étude, Matthijs Rooduijn. « Certains événements politiques majeurs qui ont eu lieu récemment, comme le Brexit, ne peuvent pas être compris sans prendre en compte la montée du populisme. » Au début des années 2000, les partis politiques populistes, souvent de droite, ont rencontré du succès dans les pays de l’est de l’Europe, avance le quotidien. La crise financière de 2008 a changé la donne. La tendance s’est répandue dans les pays du nord du continent, avant de s’ancrer en Europe occidentale en 2015, année marquée par le début d’une vague d’immigration massive en Europe, mais également par le début d’une série d’attentats terroristes.
Autant d’événements qui ont eu une grande influence sur la scène politique européenne. Comme le rappelle le Guardian, au Royaume-Uni, le Ukip, alors mené par Nigel Farage, est devenu l’une des forces incontournables du mouvement pro-Brexit. En France, Marine Le Pen est arrivée au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Outre-Rhin, la coalition d’Angela Merkel a été récemment témoin de l’entrée fracassante au Parlement de l’AfD, parti nationaliste et anti-immigration.
De plus en plus d’Européens gouvernés par les populistes
Si ces populistes ont tendance à être majoritairement de droite, l’enquête du Guardian montre que les partis de gauche aussi connaissent un certain essor dans les élections nationales. En France, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon connaît ainsi un vif succès, tandis qu’en Italie, le leader du Mouvement 5 Étoiles, Luigi di Maio, est aujourd’hui l’une des figures majeures du gouvernement de Giuseppe Conte.
Certes, dans certains pays, les populistes ont perdu de leur superbe. En Grèce, par exemple, après être arrivé au pouvoir avec 36 % des voix en 2015, le parti d’extrême gauche Syriza est retombé à 25 % de votes. En Finlande, les Vrais Finlandais (droite) ont implosé tandis qu’au Royaume-Uni, un désamour s’est installé vis-à-vis du Ukip après le vote sur le Brexit. Selon l’institut Jacques Delors, le succès des populistes lors des élections européennes de mai prochain serait même limité. Mais certains chiffres du Guardian ont de quoi laisser songeur : en 1998, 12,5 millions de citoyens européens vivaient dans un pays qui intégrait au moins un populiste au sein du gouvernement. En 2018, ce chiffre a été multiplié par dix et atteint 170,2 millions d’habitants.