Le franc CFA, qui a autrefois stimulé les échanges commerciaux entre huit pays de l’Afrique de l’Ouest, pourrait céder sa place à une monnaie unique ouest-africaine, d’après Abdou Salam Diallo, ambassadeur du Sénégal en Russie, interrogé par Sputnik. Ce changement s’opère alors que le français est en recul face aux langues nationales dans son pays
Le Sénégal et sept autres pays membres de l’Union monétaire africaine de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) pourraient remplacer le franc CFA par une nouvelle monnaie qu’ils partageraient avec d’autres pays africains, a annoncé à Sputnik Abdou Salam Diallo, ambassadeur du Sénégal en Russie.
«Nous sommes en train de réfléchir avec les autres pays qui ont leur monnaie propre pour faire une monnaie de l’Afrique de l’Ouest», a indiqué M.Diallo lors de la Journée économique du Sénégal qui s’est tenue jeudi dans la capitale russe.
Le diplomate a reconnu que le franc CFA avait joué un grand rôle au sein de l’Union monétaire ouest-africaine, tout comme l’euro au sein de l’UE.
«Le franc CFA n’a pas été une mauvaise chose. Au contraire, il nous a aidés, il nous a permis de travailler ensemble […]. Dans notre Union monétaire, nous n’avons jamais eu de problèmes pour importer parce que notre monnaie est garantie par le Trésor français. À l’époque, nos économies étaient très faibles et c’était un grand avantage pour nous. Aujourd’hui, la question est posée de savoir est-ce que ce système doit continuer», a-t-il noté.
Selon lui, la création d’une nouvelle monnaie fait l’objet de discussions entre les huit pays où le franc CFA a cours et les autres membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO).
A l’époque où la zone franc CFA est au seuil de grands changements, le rôle de la langue française évolue aussi, du moins au Sénégal. En tant que langue officielle, le français est présent dans l’administration et l’enseignement et les représentants de l’Etat sénégalais l’utilisent à l’étranger. Mais selon M.Diallo, la radio et la télévision sénégalaises sont déjà «d’une manière écrasante dominées par les langues nationales».
La coexistence de nombreuses langues complique les choses sur le terrain, mais cela n’a pas empêché les autorités de choisir six langues qui ont reçu le statut de nationales.
«Le français a reculé dans les médias. Le français est toujours la langue officielle. Le français est présent dans l’enseignement, mais dans la vie de tous les jours les Sénégalais parlent leurs langues nationales, et il y a véritablement une politique pour les développer», a noté le diplomate.