Canada : manifestations de francophones contre le gouvernement d’Ontario

Quelque milliers de francophones ont manifesté samedi à travers l’Ontario pour protester contre la décision du gouvernement de cette province, la plus riche et la plus peuplée du Canada, d’annuler la construction d’une première université entièrement en langue française.

Des Franco-Ontariens se sont rassemblés dans une quarantaine de villes de cette province, avec notamment quelque 3.500 manifestants à Ottawa, la capitale fédérale, et quelques centaines à Toronto, selon les organisateurs.

Ils dénoncent l’annulation, pour des raisons budgétaires, de la construction de la première université francophone en Ontario, ainsi que la suppression de subventions à des troupes de théâtre de langue française.

« Clairement, ces décisions sont inacceptables », a regretté auprès de l’AFP la ministre fédérale des Langues officielles, Mélanie Joly, venue manifester à Ottawa.

Avec la mobilisation de samedi, « nous ressentons une vague d’amour des francophones à travers le pays, au Québec, en Acadie, en Ontario, mais aussi venant des amis et alliés des francophones » en dehors du Canada, s’est félicité la ministre.

En signe de solidarité, l’Assemblée nationale du Québec a par exemple hissé samedi le drapeau blanc et vert des Franco-Ontariens.

Attendue depuis longtemps par les quelque 600.000 francophones de la province (4% de la population), cette université de 3.000 étudiants devait voir le jour dès 2020 à Toronto, capitale de l’Ontario et métropole économique du Canada.

Mais les conservateurs du Premier ministre de la province Doug Ford, régulièrement décrit comme un « mini-Trump », ont enterré le projet mi-novembre, en invoquant des contraintes budgétaires: l’Ontario, qui affiche un déficit de quelque 15 milliards de dollars, va ainsi économiser 80 millions de dollars sur sept ans.

Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau, qui a vertement critiqué les autorités d’Ontario, se tient prêt à financer à hauteur de 50% ce projet d’université, si la province devait revenir sur sa décision, a relevé la ministre Joly.