Feu Henri Guillemin se rendit jadis impopulaire dans certains coins de « la gauche » en prétendant que la Commune n’avait pas été l’héroïque improvisation spontanée que nous sommes accoutumés de voir en elle, mais volonté délibérée de la bourgeoisie au pouvoir de se donner l’occasion et les moyens d’en finir ouvertement avec le peuple de Paris, si redouté depuis un siècle (un siècle d’alors).
Il ne faisait que récidiver, car n’avait-il pas prétendu déjà que, le 14 juillet 1789, ce même peuple de Paris n’avait fait que se laisser naïvement manipuler par la nouvelle classe en pleine irrésistible ascension, qui l’avait jeté – déjà chair à canon ignorante de sa future vocation – sur les dépôts d’armes de l’aristocratie, dont elle voulait s’emparer, se promettant bien de faire rentrer plus tard à la niche sa meute d’innocents chiens de chasse.
Il prétendait donc que cette bourgeoisie, celle qui ferait 70 ans plus tard et pour les mêmes raisons « le choix de la défaite » (voir Mme Lacroix-Riz), l’avait délibérément attiré, ce peuple, dans le piège préparé à son intention.
Il faut aller lire et/ou écouter ce qu’il disait du triplement (?) d’un seul coup des loyers dans les quartiers les plus pauvres de Paris et autres machiavéliennes provocations, pour que ce peuple désarmé au point de n’avoir pas de quoi manger, fût obligé de se soulever violemment.
Que font les petits rats du Pr. Laborit, quand ils sont le dos au mur, et que tous les murs – en haut, en bas, à droite, à gauche, devant et derrière, leur envoient dès qu’ils les touchent des décharges électriques insupportables ? Ils deviennent fous, se grimpent dessus, se mordent les uns les autres. La grandeur de la Commune, c’est qu’arrivée à ce stade, elle n’a pas jeté par-dessus bord son « égalité » ni sa « fraternité ». Au contraire. En cela, elle reste un modèle pour tous et pour tous les temps futurs. Mais il ne faudrait pas perdre de vue, en lui rendant son dû, ce qui, froidement, malignement, délibérément, l’avait acculée là.
Qui est peut-être aujourd’hui en train de se répéter.
Pour faire comprendre ce que nous voulons dire, faisons-nous aider par un petit article récent, publié sur Atlantico
[nous ne les connaissons pas ; on nous dit qu’ils sont plutôt de droite et admirateurs de Michel Onfray – pléonasme -, ce qui prouve qu’ils ne sont pas aussi lucides qu’ils le pensent, mais n’importe…]
Le voici :
Qui que soient les rédacteurs d’Atlantico, ce qu’ils disent ici des Black Blocs et de la police est exact. Les Black Blocs et autres « casseurs » n’existent que parce qu’ils sont utiles aux « gens de biens » au pouvoir. Certains le sachant, d’autres – les plus jeunes, les petits nouveaux, les naïfs – l’ignorant, mais tous concourant à la même fin : l’écrasement du prolétariat. [Le mot vient de la Rome Antique et, pour autant que nous le sachions, c’est Marat qui l’a relevé pour la première fois.]
Il en a été ainsi depuis que l’oligarchie étrusque, pour couper l’herbe sous le pied à la plèbe d’un empire en plein effondrement, s’est servie des aspirations et des mouvements les plus spontanés de « la canaille », comme on dira plus tard, de Rome, où, sans doute, les Hébreux jouaient déjà leur rôle immémorial d’agitateurs souvent révolutionnaires, pour lui balancer dans les gencives un Nouveau Testament que l’innocente a cru sorti du bleu ou, qui sait, de Bethléem, Jérusalem ou autres lieux. (L’opposition schizophrénique des Évangiles et de vingt siècles de réalités ne peut avoir d’autre origine.)
FAITES BIEN GAFFE, AMIS GILETS !
Apprenez à identifier correctement vos ennemis, et, une fois identifiés, à les bien connaître. Ne les sous-estimez jamais. Et ne perdez jamais de vue qu’ils ont des siècles d’avance sur vous, des moyens dont vous ne pouvez même pas rêver, pas l’ombre d’un scrupule et beaucoup, beaucoup, beaucoup à perdre.
Ne faites pas ce qu’ils attendent de vous !
Ne vous focalisez pas trop et même pas du tout sur le pâle Micron, qui n’est rien par lui-même, qui n’est que l’appeau du chasseur, le hochet qu’on vous agite sous le nez pour vous faire trébucher.
Posez-vous (qu’est-ce que vous risquez ?) la question toute bête : Et si la bourgeoisie – de Thermidor, de 1830, de 1848, de 1871, de 1914 (de 1917 !), de 1940, celle qui vous a si bien entubés en 1968 – celle qui n’a jamais cessé d’être aux commandes, avait décidé d’en finir une fois pour toutes avec les plèbes d’Europe, en commençant par celle de France ? Avait décidé de se débarrasser de ce qui est encore, si peu que ce soit, capable de lui résister ? S’était dit que le moment est venu de faire tomber, à l’aune du continent, une chape de plomb – de celles qui durent : à la Franco, à la Salazar, à la Pinochet et on en passe (laissez Hitler et Mussolini out, ces naïfs qui se sont cru libres de faire ce qu’ils voulaient et se sont fait battre).
Comment croyez-vous qu’elle s’y prendrait ? Alors que ses tours lui ont si bien réussi les autres fois ? Alors qu’elle a tous les moyens qu’elle veut de vous mettre hors de vous et de vous faire foncer les yeux fermés sur ses trous remplis d’épieux pointus ?
Pourquoi ne pas lui jouer le tour, qu’elle n’attend pas, de vous asseoir en rond quelques heures, quelques jours, et passer en revue, de sang-froid, les tenants et les aboutissants, les pour et les contre, les apparences et les réalités ? Les « et si c’était un piège, qu’est-ce qu’il faudrait faire pour le retourner contre son inventeur » ?
Nous, ce qu’on en dit… on n’est pas à votre place – trop près de la mort pour ça – mais ça nous ferait mal au ventre de vous voir rouler une fois de plus. Soyez prudents, circonspects, retors…