Les perquisitions que le Service de sécurité d’Ukraine a récemment menées dans trois paroisses de l’Église orthodoxe ukrainienne canonique du Patriarcat de Moscou, ainsi que dans les domiciles de prêtres dans la région de Jitomir, font penser aux persécutions religieuses à l’époque soviétique, estiment des responsables de l’Église.
Des responsables de l’Église orthodoxe ukrainienne canonique du Patriarcat de Moscou envisagent de faire appel des décisions de perquisitions et des interrogatoires qui ont été effectués ce lundi par des agents du Service de sécurité d’Ukraine (SBU) dans plusieurs paroisses et domiciles de prêtres dans la région de Jitomir, en Ukraine, et de s’adresser à la communauté internationale, a fait savoir le président du département juridique de cette Église, l’archiprêtre Alexandre Bakhov, dans un communiqué.
Alors que la porte-parole de la police régionale, Alla Vachtchenko, a fait savoir à l’AFP que les procédures en question avaient été mises en place dans le cadre d’une enquête judiciaire pour «violation de l’égalité des citoyens» en fonction de leur «conviction religieuse», M.Bakhov rejette toutes les allégations tout en soulignant que c’est «la première fois depuis l’indépendance de l’Ukraine» que l’Église fait face à de telles pressions.
«Les accusations d’incitation à la haine religieuse dirigées contre le clergé sont sans fondement et tirées par les cheveux. Ils [les autorités du pays, ndlr] cherchent l’inimitié religieuse là où il n’y en a pas», a-t-il déclaré.
À son tour, le porte-parole de l’Église, l’archevêque Kliment Vetcheria, a qualifié cette opération de tentative d’«intimidation» en la comparant aux pressions sur les orthodoxes à l’époque de Staline.
«Des choses similaires se passaient il y a presque 100 ans à l’époque du tyran Staline, quand il y avait des interrogatoires de prêtres et d’évêques», a-t-il lancé à l’AFP.
Les autorités de Kiev s’attendent à ce que Constantinople octroie le statut d’Église autocéphale (indépendante) à l’Église ukrainienne avant la fin de l’année, mais ce statut ne pourra être reçu que quand les représentants de l’Église orthodoxe ukrainienne canonique et les prêtres des structures non canoniques ukrainiennes seront unis lors d’un concile de réconciliation. Pourtant, l’Église orthodoxe ukrainienne canonique a expliqué qu’elle ne participerait pas à cet événement.
Le Patriarcat de Moscou et de toutes les Russies a rompu le 15 octobre la communion eucharistique avec le Patriarcat de Constantinople après que ce dernier a décidé d’octroyer le statut d’Église autocéphale (indépendante) à l’Église ukrainienne et de rétablir sa représentation à Kiev.
Le Patriarcat de Constantinople a de fait souhaité étendre sa juridiction ecclésiastique sur l’Ukraine, annulant le décret historique de 1686 qui permettait au Patriarche de Moscou de nommer le métropolite de Kiev. Il a levé l’anathème prononcé contre les chefs de deux Églises non canoniques ukrainiennes, Philarète Denissenko, patriarche autoproclamé de Kiev anathématisé par l’Église orthodoxe russe en 1997, et Makari Maletitch, chef de l’«Église orthodoxe autocéphale ukrainienne».
D’après l’Église orthodoxe russe, ces décisions légitiment un schisme et risquent de porter un préjudice catastrophique aux croyants en Ukraine et dans le monde orthodoxe.