Sous-payés, employés sans contrat de travail, obligés de faire des heures supplémentaires non rémunérées : en Allemagne, les étrangers sont régulièrement « exploités » par leurs employeurs, dénonce mercredi l’Institut allemand des droits de l’Homme.
Ces étrangers, parmi lesquels des Syriens et Irakiens accueillis en 2015 mais aussi des Roumains, Bulgares ou des Latino-Américains, sont victimes d’une « grave exploitation » dans leur travail, dénonce cet institut indépendant dans son rapport annuel présenté au Parlement allemand.
Des employeurs n’hésitent pas à verser aux étrangers des salaires bien inférieurs au salaire minimum, qui est actuellement de 8,84 euros bruts de l’heure. Certains travailleurs étrangers sont aussi contraints de faire des heures supplémentaires non rémunérées ou sont hébergés par leurs employeurs dans des logements indignes, selon l’Institut, qui a mené des entretiens avec plusieurs dizaines de travailleurs étrangers.
Ces situations sont fréquentes, relève-t-il, dans les secteurs du bâtiment, des « entreprises de transformation de la viande », mais aussi dans le domaine sanitaire, le nettoyage ou la restauration.
Le rapport pointe en outre l’absence fréquente de contrats de travail ou de fiches de paie, ce qui rend difficile pour les travailleurs immigrés d’intenter ensuite d’éventuelles actions en justice. Leurs employeurs ne paient pas non plus de cotisations sociales.
Le manque de connaissances linguistiques et juridiques, la dépendance à l’égard de l’employeur ou la difficulté d’accès à des avocats « entraînent une infériorité structurelle des personnes concernées par rapport à leur employeur », met en garde l’Institut. Pour remédier à cette situation, il préconise notamment la possibilité de mener des actions de groupe.
L’Allemagne a accueilli en 2015 environ 1 million de migrants, en provenance le plus souvent d’Irak et de Syrie.