Les activistes végan font de plus en plus parler d’eux au Québec

Les activistes végan font de plus en plus parler d’eux au Québec. Récemment, cinq boucheries ont été vandalisées dans une petite ville de la Belle Province, et ce n’était pas la première fois que de tels actes étaient commis. L’objectif de ces activistes? En finir avec toute forme d’exploitation animale.

Tout récemment, cinq boucheries ont été vandalisées à Drummondville, une paisible municipalité du centre du Québec. À l’occasion d’une journée internationale contre le «spécisme», des militants végan ont versé de la peinture rouge à l’entrée des boucheries, pour symboliser le sang des animaux. La journée internationale contre le spécisme a normalement lieu le 25 août, mais il semblerait qu’une autre ait été rajoutée au calendrier.

Par endroits, le slogan «Stop spécisme» a été tagué par les militants. De quoi étonner et choquer certains habitants de cette petite ville, peu habitués à ce genre de coup d’éclat. Grâce à des bandes vidéo, des bouchers visés ont pu voir deux femmes s’attaquer à leurs commerces durant la nuit.

De la peinture rouge pour symboliser le sang des animaux

Anne Mathieu, sergente aux communications de la Sûreté du Québec, a confirmé que ces actes avaient eu lieu et qu’une enquête avait été ouverte. Mme Mathieu a affirmé que la Sûreté du Québec avait reçu plusieurs plaintes concernant ces méfaits et que les policiers allaient faire preuve de plus de vigilance, dans les prochaines semaines, dans le secteur concerné.

«Nous allons faire le nécessaire pour retrouver les auteurs de ces méfaits», a mentionné la sergente, qui n’a pu donner plus de détails sur cette enquête en cours.

Ce n’est pas la première fois que des militants végan s’en prennent à des boucheries au Québec. En juin 2017, la Boucherie Grinder avait été vandalisée, dans le quartier Griffintown, à Montréal. Deux projectiles sur lesquels étaient accrochés des messages revendicateurs avaient été lancés dans la vitrine du commerce. Les auteurs du délit affirmaient que leur organisation allait multiplier les actes de vandalisme contre les boucheries dans les mois à venir.

«Ceci est un acte végétaire (sic). Nous considérons que votre établissement hideux et infect nécessite depuis longtemps une intervention ostensible. Cessez de mutiler et de vendre les animaux non humains. À partir d’aujourd’hui, 27 juin 2017, de plus en plus d’institutions spécistes (sic) comme la vôtre se verront vandalisées à Montréal.
Merci de comprendre que les animaux, comme les êtres humains, ne sont pas à vendre. Ensemble pour un futur 100% végétaire (sic)», pouvait-on lire sur le morceau de papier qui entourait l’un des projectiles.

Un employé de l’une des boucheries récemment vandalisées, La Bouchée d’Or, a confié à Sputnik que ces actions en avaient surpris plus d’un à Drummondville. «Les gens ne sont pas vraiment habitués à ce genre de choses», a-t-il mentionné. Simon Lauzier croit toutefois qu’il s’agit d’un cas isolé, Drummondville étant selon lui trop petite, sur le plan démographique, pour voir émerger un mouvement d’envergure. «À Montréal, ça pourrait peut-être aller en s’empirant, mais ici, on va continuer à faire notre métier», a-t-il dit. L’employé estime que les gens de son équipe et lui ne s’étaient pas «remis en question» après les événements et qu’ils ne craignaient pas pour leur sécurité.

«Les gens ne sont pas vraiment habitués à ce genre de choses»

La directrice aux Affaires publiques et gouvernementales de l’Association des détaillants en alimentation du Québec, Gaëlle Leruste, se dit toutefois plus inquiète que cet employé. Elle a affirmé que la montée du mouvement végan préoccupait de plus en plus les membres de son association.

Mme Leruste déplore la radicalisation du mouvement pour les droits des animaux et ne s’explique pas que l’on s’en prenne à un métier aussi vieux que celui de boucher. «Les bouchers sont des artisans, ils ont souvent un réel amour pour leur métier, et dans le contexte actuel de la pénurie de main-d’œuvre, ce genre d’actions pourrait démotiver les apprentis bouchers», a affirmé Mme Leruste en entrevue.

«Tous les régimes alimentaires sont permis, aucune loi n’interdit aux gens de se rendre dans tel ou tel commerce, alors on considère que les gens sont libres de consommer la nourriture de leur choix», a aussi mentionné Mme Leruste.

L’Association des détaillants en alimentation du Québec prévoit rencontrer dans les prochaines semaines le nouveau ministre provincial de l’Agriculture, M. André Lamontagne, pour lui faire part de ses préoccupations.

La consommation de viande est maintenant considérée par certains activistes végan comme un véritable crime. Rappelons que les antispécistes militent contre la consommation de viande et toute forme d’exploitation des animaux.

Le terme speciesim a été créé en 1970 par le psychologue américain Richard D. Ryder pour établir un lien entre le racisme et le sort réservé aux animaux. C’est toutefois le philosophe australien Peter Singer qui a vraiment popularisé le concept en publiant son livre Animal Liberation en 1975. Un livre qui est toujours considéré comme une grande référence en matière de droits des animaux. Dans le monde antispéciste, les espèces animales occupent un peu la place du prolétariat dans l’idéologie marxiste. Puisque les animaux seraient systématiquement exploités et discriminés par les humains, il faudrait les en libérer.

L’antispécisme, une idéologie née dans les années 1970

En France, plusieurs cas de vandalisme visant des boucheries et des abattoirs ont été recensés par les autorités ces dernières années. En juin dernier, des bouchers-charcutiers ont demandé au ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérard Collomb, d’être protégés par les autorités. Craignant la multiplication des attaques contre leurs commerces, les bouchers-charcutiers avaient publiquement fait part de leurs préoccupations.

«Nous comptons sur vos services et sur le soutien de l’ensemble du gouvernement pour que cessent, le plus rapidement possible, les violences physiques, verbales, morales subies par les artisans bouchers-charcutiers». C’est ce qu’on pouvait-on lire dans une lettre signée le 22 juin 2018 par le président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT), Jean-François Guihard. Les bouchers du Québec devront-il aller jusque-là?