Qui prendrait la décision d’engager une armée européenne dans une guerre? Si c’est l’UE, faudrait-il que ce soit une décision unanime? La Norvège et la Grèce auraient peut-être une idée différente de ce qui mérite d’être combattu. Autant de questions posées par un auteur de The National Interest à propos d’une armée européenne.
L’auteur de l’article intitulé «Pourquoi une armée européenne serait une catastrophe totale» dans The National Interest, Michael Peck, rappelle que Charles de Gaulle s’était un jour interrogé sur la façon de gouverner un pays ayant 246 sortes de fromages, afin de réfléchir à qui pourrait commander une armée composée de 28 nations et parlant 24 langues officielles?
L’idée récente d’Emmanuel Macron, de créer une armée européenne en mesure de défendre l’Europe contre la Russie sans avoir à compter sur les États-Unis, n’a pas enthousiasmé le Président américain qui a rappelé à la France sa défaite en 1940.
La France pourrait rappeler aux États-Unis Pearl Harbor, mais de toute façon cet échange de piques n’apporte pas de réponse à la question de la viabilité d’une armée européenne.
Le journaliste signale qu’un autre Français, Napoléon Bonaparte, a dit qu’il préférerait combattre une coalition que d’en faire partie. L’Empereur, qui savait comment diriger son armée et avait remporté pendant près de 20 ans des victoires sur diverses coalitions, comprenait que l’alliance la plus grande ne pouvait être forte tant que ses liens intérieurs étaient faibles.Et d’ajouter que, dans une armée européenne de si faibles liens seraient nombreux, car l’Union européenne n’est pas un seul acteur, mais un groupe d’acteurs et elle est plutôt un bloc économique que de véritables «États-Unis d’Europe».
En fin de compte, qui prendrait la décision d’engager une armée européenne dans une guerre, s’interroge The National Interest. Faudrait-il une décision unanime de tous les membres de l’UE comme lors de l’adhésion d’un nouveau membre? D’autant plus que les pays pourraient avoir des positions différentes sur les raisons d’une guerre. En plus, si la France et l’Allemagne avaient la haute main sur cette armée, pourrait-on la considérer comme européenne?
«La guerre n’est pas un processus consultatif. L’une des raisons pour lesquelles l’Otan dure depuis 70 ans est qu’elle n’a jamais eu à faire que dissuader les Soviétiques, mener quelques petites opérations dans les Balkans et en Méditerranée et envoyer quelques troupes pour soutenir les États-Unis en Afghanistan», écrit Michael Peck.
Selon lui, si seulement 4 membres de l’Otan sur les 29 se permettent de dépenser pour sa Défense au moins 2% de leur PIB (les États-Unis finançant 70% des dépenses de l’OTAN), alors pourquoi une force paneuropéenne serait mieux financée?
«À la fin, le véritable problème est que l’Europe en tant que puissance globale est immense: l’économie combinée de l’UE est la deuxième plus grande du monde. Mais sans intégration politique, l’Europe ne peut pas représenter une puissance militaire équivalente à sa puissance économique», ajoute l’auteur de The National Interest.
«Un jour, une armée européenne pourrait se former de manière homogène, comme 246 fromages fondus dans un pot. Mais pour l’instant, l’Europe n’est qu’un mélange de plats individuels», conclut-il.