Durant les évènements de Mai 68 et les années qui ont suivi, il était impossible de voir dans le mouvement autre chose qu’une sorte de révolte spontanée qui a abouti à des transformations politiques et sociales qui nous ont menés au monde que nous vivons actuellement.
Aujourd’hui encore, il est difficile, voire impossible, à beaucoup de personnes, de faire un parallèle avec les révolutions de couleurs qui ont bouleversé le cours de la géopolitique d’autres pays : la manipulation, c’est toujours pour les autres, personne ne se sent manipulé, ce qui est vrai, car en réalité personne ne subit de manipulation individuellement, pas plus en France qu’en Ukraine, en Géorgie, au Caire ou à Tunis. La manipulation est globale, c’est le mouvement lui-même qui est manipulé.
Concernant les Gilets Jaunes, il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un mouvement réellement spontané ou d’une révolution de couleur, mais l’on peut déjà chercher à y voir clair, même si cela semble difficile, tant les passions sont déchainées. Bien sûr, il est toujours possible d’attendre la fin des évènements pour en faire le bilan. Cela ne poserait aucun problème, et serait même souhaitable, s’il s’agissait d’un mouvement réellement spontané. Cependant, s’il s’agit d’une manipulation de masse invisible, toutes les analyses en amont sont les bienvenues, ne serait-ce que pour inciter à trouver les moyens de déjouer d’éventuels plans sous-jacents.
Sans préjuger de la vraie nature du mouvement des Gilets Jaunes, il serait utile de revoir ce que nous savons des révolutions de couleur. La principale règle d’une révolution de couleur est que la population du pays concerné n’a jamais conscience de sa nature, surtout quand elle est adroitement orchestrée. Tous les participants, exceptés l’infime partie constituée par les casseurs et les agitateurs qui sont les agents des organisateurs de l’ombre, sont des manifestants sincères qui veulent montrer leur ras-le bol. Ils viennent progressivement grossir un mouvement créé à partir d’appels autour d’une revendication, qui s’avère par la suite n’être qu’un prétexte, car la satisfaction de cette revendication n’apaise en rien leur colère. Tout au long des évènements, les provocations, toutes médiatisées, sont entretenues et vont crescendo, pour aboutir généralement à quelques morts abattus par des snipers.
Sommes-nous actuellement, en France, dans ce cas de figure ? Il semble bien que oui. Il existe cependant certaines nuances entre les Gilets Jaunes et les autres révolutions de couleur que nous connaissons. Si habituellement, les révolutions de couleurs sont destinées à provoquer un changement de régime, en France c’est le régime lui-même qui attise délibérément la colère populaire, comme s’il voulait provoquer sa propre chute. Et cela avait commencé bien avant le début du mouvement, avec diverses petites provocations, de la part de Macron, qui semblaient anodines et indépendantes les unes des autres, mais qui, par leur nature de plus en plus insultante vis-à-vis du peuple français, contribuaient à accumuler les ressentiments. Le ras-le bol, à lui tout seul, a rarement suffi à faire bouger tout un peuple. Il fallait le provoquer pour le faire sortir de ses gongs, et le petit acteur président l’a fait et continue à le faire, chacune de ces provocations étant largement médiatisées, par nous y compris. La dernière en date est le montage vidéo (d’où sort-il ?) de l’arrestation volontairement humiliante des lycéens de Mantes-la-Jolie.
Aujourd’hui, nous y sommes. Le mouvement s’est durci de phase en phase, et pour la phase 4, ce samedi, les médias ont déjà préparé les Français à un possible usage d’armes à feu par les forces de l’ordre. Il a suffi pour cela d’interviewer un illustre inconnu qui menace d’apporter avec lui son arme lors des manifestations. Tout dialogue semble désormais impossible, le peuple ne veut rien d’autre que le départ de Macron. Pour le remplacer par quoi et par qui ? il ne le sait pas, mais qu’importe, Macron doit partir. Malheureusement, révolution de couleur ou pas, l’après-Macron est certainement déjà prêt et, avant de partir, sa mission accomplie, il aura laissé la France dans une situation propice à des changement radicaux.