Le Pacte mondial sur les migrations vise « à faire progresser la gouvernance mondiale aux dépens du droit souverain des États à gérer leur système d’immigration », ont dénoncé vendredi les États-Unis, l’ONU soulignant en retour son caractère indispensable et non contraignant.
Dans un communiqué virulent et détaillé, diffusé par la mission diplomatique américaine à l’ONU, les Etats-Unis soulignent que « les décisions sur la sécurité des frontières, sur qui est admis à résider légalement ou à obtenir la citoyenneté, figurent parmi les plus importantes décisions souveraines qu’un pays peut prendre ».
Il n’est donc pas question qu’elles fassent l’objet « de négociations, d’un examen, dans un cadre international », ajoutent-ils.
Les Etats-Unis de Donald Trump ont quitté les négociations en 2017 après avoir jugé que ses objectifs étaient « incompatibles avec la loi américaine, la politique et les intérêts du peuple américain », rappelle le communiqué.
« C’est, semble-t-il, défier toute logique d’imaginer gérer la migration sans discussion mondiale », a rétorqué le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric lors de son point presse quotidien.
Le Pacte n’est pas un document contraignant, ne met en cause aucune souveraineté d’Etat sur ses frontières, et ne vise qu’à aider les pays à mieux faire face aux migrations, a-t-il répété.
Tout en reconnaissant « l’apport de nombreux immigrants à (leur) construction », les Etats-Unis ne peuvent « soutenir un +Pacte+ ou un processus qui impose ou pourrait imposer des directives internationales, normes, attentes ou des engagements » allant à l’encontre de leurs décisions nationales, souligne cependant le communiqué américain.
Washington craint aussi que les partisans du Pacte ne cherchent in fine à imposer un « droit coutumier international » dans le domaine des migrations. Le terme de « pacte » induit « des obligations légales », ajoutent les Etats-Unis en rejetant l’idée d’un texte non contraignant.
Selon des diplomates, les Etats-Unis ont été particulièrement actifs au cours des derniers mois pour partager leur conception du Pacte avec plusieurs pays signataires, notamment en Europe.
Alors que le document avait été adopté en juillet à l’ONU par l’ensemble des membres des Nations unies à l’exception des Etats-Unis, une série de pays dans le monde – de l’Australie à la Suisse, la Hongrie, la Belgique ou Italie, en passant par l’Autriche négociateur du texte au nom de l’Union européenne – ont depuis fait part de leur retrait ou du gel de leur décision.
Ces décisions sont « regrettables », a affirmé le porte-parole de l’ONU. Mais il n’y « pas de porte close » et tous ces pays sont « les bienvenus » s’ils veulent revenir, a ajouté Stéphane Dujarric.
En dépit des crispations sans précédent provoquées par le Pacte, plus de cent pays ainsi que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sont attendus lundi et mardi à Marrakech pour l’entériner formellement. Le vote d’une résolution de ratification est ensuite prévu à l’Assemblée générale de l’ONU le 19 décembre.