Comment est la nouvelle présidente du CDU ?

Après 18 ans de règne d’Angela Merkel, l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU) sera désormais présidée par Annegret Kramp-Karrenbauer, élue ce vendredi 7 décembre à Hambourg. Essayons de comprendre qui est cette nouvelle présidente de la CDU surnommée souvent Merkel bis, Merkel 2, Mini-Merkel, Merkel de la Sarre ou simplement AKK?

Le vendredi 7 décembre, le congrès de l’Union démocrate-chrétienne (CDU) a élu à sa présidence Annegret Kramp-Karrenbauer, 56 ans, se prononçant ainsi en faveur de la continuité dans la politique centriste appliquée depuis près de 20 ans par la chancelière plutôt que d’un revirement à droite prôné par son principal rival, Fridriech Merz.

AKK devient désormais la grande favorite au poste de chancelière bien qu’elle doive attendre l’expiration du mandat d’Angela Merkel disposée à rester jusqu’en 2021 et qui a maintenant une chance de transférer le pouvoir à l’amiable à un successeur de son choix et susceptible de protéger son héritage.

En Kramp-Karrenbauer, la chancelière trouve un partenaire qui partage à la fois sa ligne politique et son style. Au printemps dernier, Merkel l’a désignée comme secrétaire générale, le poste numéro 2 du parti, pour la préparer à la direction nationale.

Tout récemment encore Annegret Kramp-Karrenbauer était quasiment inconnue du grand public en Allemagne. Sa carrière politique s’était faite au niveau local. Après des études de droit et de sciences politiques, elle entre en 2000 au gouvernement de la Sarre, d’où elle est originaire et où elle occupe à tour de rôle les postes de ministre régionale de l’Intérieur, du Travail, de la Famille, des Sports, de la Justice avant d’en devenir Première ministre en 2011.À première vue, il semble difficile de trouver des divergences entre elle et Angela Merkel. La nouvelle présidente de la CDU n’a, comme la chancelière, rien d’une oratrice brillante. Elle ne fait pas de manières, ce que certains de ses adversaires considèrent comme un manque de charisme.

Elle a le même goût pour les compromis. Lorsqu’elle était ministre-présidente de la Sarre, entre 2011 et 2018, elle a d’abord gouverné avec les écologistes et les libéraux. Après le départ de ces derniers, elle n’a pas hésité à s’allier aux sociaux-démocrates.

Cependant, cela n’empêche pas la nouvelle présidente de la CDU qui est sur la même ligne politique qu’Angela Merkel, de s’en différencier sur certains points, plus particulièrement sociétaux.

Ainsi cette catholique revendiquée et mère de trois enfants s’est fermement opposée au mariage pour tous. En 2015, elle avait suscité une polémique en disant que celui-ci risquait d’ouvrir la porte à l’inceste et à la polygamie. Elle a également plaidé contre la suppression du fameux paragraphe 219a du code pénal allemand, qui réprime la publicité pour l’avortement.

Sa vision de la politique migratoire se distingue aussi de celle d’Angela Merkel. Toujours en 2015, AKK a adressé des reproches à la chancelière suite à l’ouverture des frontières à des centaines de milliers de migrants. Plus encore, elle a même réclamé l’expulsion de tout réfugié ayant commis un crime ce qui la caractérise comme une partisane du durcissement de la politique migratoire.Ses prises de positions en matière de politique extérieure diffèrent elles aussi de celles d’Angela Merkel. Suite à l’incident dans le détroit de Kertch AKK s’est déclarée favorable à la fermeture des ports des États-Unis et de l’Union européenne aux navires russes, tandis que la chancelière a gardé un sang-froid et a appelé l’Ukraine à la retenue après la demande de Piotr Porochenko d’envoyer l’Otan pour faire face à la Russie.

Quoi qu’il en soit, le vote de vendredi a plutôt mis en évidence la stabilité politique d’Allemagne par rapport aux autres grandes puissances européennes. Alors que la Grande-Bretagne se déchire devant le Brexit et que la France affronte les émeutes, l’Allemagne a de nouveau l’air stable et centriste, même au cours d’une année de bouleversements politiques inhabituels.