Le Canada se veut «souple» pour régler ses relations avec la Chine

En libérant sous caution la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, le Canada a choisi un scénario «souple» pour désamorcer la crise dans ses relations avec la Chine, mais le problème n’a pas été résorbé, la position américaine étant «ambiguë», ont estimé  deux politologues russe et chinois.

Donald Trump a déclaré qu’il s’ingérerait obligatoirement dans l’affaire d’extradition de Meng Wanzhou, arrêtée au Canada sur demande de Washington, si cela était dans l’intérêt de la sécurité nationale des États-Unis ou pouvait les aider dans leurs négociations commerciales avec la Chine, a rappelé Alexandre Lomanov, de l’Institut russe d’Extrême-Orient, commentant la nouvelle de la libération sous caution de la haute cadre chinoise du géant des télécoms Huawei.

«Trump a dit qu’il agirait à partir des résultats des négociations commerciales avec la Chine. La position de Trump est ambiguë. Il se peut qu’il considère la présence d’un otage haut placé sur le territoire des États-Unis comme un atout de poids dans les négociations avec la Chine. Ou au contraire, il s’appliquera à régler l’incident et à accéder aux revendications de Pékin. Bref, la phase aiguë du conflit est passée, mais le problème reste irrésolu», a indiqué l’expert.

Un autre interlocuteur de l’agence, Yang Mian, de l’Université chinoise des communications, a estimé pour sa part qu’on pourrait donner plusieurs explications de la décision du Canada de choisir un tel scénario pour régler le problème.

«Quoi qu’il en soit, pour le moment, Meng Wanzhou a été relâchée sous caution, pas libérée. Mais si dans les 60 jours qui viennent, les États-Unis ne demandent pas son extradition, elle pourra évidemment être libérée pour de bon», a souligné le Chinois.

La première audience d’extradition a été fixée au 6 février. Les États-Unis devront d’ici là transmettre à la justice canadienne les documents complets relatifs à leur demande d’extradition.

Meng Wanzhou, 46 ans, directrice financière de Huawei et fille du fondateur et directeur général du groupe, Ren Zhengfei, a été arrêtée le 1er décembre à l’aéroport international de Vancouver. Les États-Unis demandaient son extradition dans le cadre d’une affaire de non-respect par Huawei des sanctions américaines contre l’Iran.

Yang Mian a insisté sur le fait qu’il s’agissait là de sanctions américaines unilatérales.

«Les États-Unis s’appliquent à étendre leurs lois nationales sur les rapports internationaux», a-t-il signalé.

Un juge de la Cour suprême de la Colombie britannique, au Canada, a décidé de libérer la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhu, sous caution de 10 millions de dollars canadiens (6,5 millions d’euros), dont 7 millions (4,6 millions d’euros) devront être payés en liquide.