Au Kosovo, la création d’une armée est censée compenser une série de récentes défaites diplomatiques et politiques subies par cette république autoproclamée, selon le journaliste serbe Miroslav Lazanski.
La décision de Pristina de former une armée kosovare revêt une importance psychologique considérable tant pour les Albanais que pour les Serbes qui vivent dans la république autoproclamée, estime le journaliste et analyste militaire serbe Miroslav Lazanski.
Selon lui, Belgrade n’a pas à s’inquiéter de la création de l’armée kosovare, ses propres forces militaires étant bien plus importantes, mais les Serbes du Kosovo seront sans doute offensés «par la vue des soldats albanais marchant sous leurs fenêtres».Pour Pristina, la formation de l’armée nationale compense ses récents revers diplomatiques et politiques tels que sa non-adhésion à Interpol et le fait que plusieurs pays qui avaient reconnu l’indépendance du Kosovo sont revenus sur leur décision, estime M.Lazanski. Dans le même temps, en apportant son soutien à l’idée de créer une armée au Kosovo, les Américains ont clairement démontré qu’ils agissaient contre les intérêts serbes au Kosovo, souligne-t-il.
Dans ce contexte, Belgrade devrait «tracer une ligne rouge» et faire comprendre qu’il ne mènera plus de négociations avec Pristina.
«Il est impossible de passer sous silence cette réalité [le soutien des USA à Pristina, ndlr], sinon l’armée serbe se déploiera vite dans le Nord avant d’approcher la frontière administrative. Et que ferons-nous alors?», se demande l’analyste.
Toujours d’après lui, les autorités serbes doivent signifier à Washington qu’il est impossible de maintenir de bonnes relations avec Belgrade tout en armant et entraînant l’armée kosovare.
«Même si Washington est vraiment intéressé à avoir des relations plus ou moins normales avec la majorité de la population serbe, ses décisions sont erronées. Il est évident que, quoi que fassent les Serbes, ils n’auront pas la sympathie du département d’État», conclut l’interlocuteur.