Ces derniers temps, l’Italie semble de plus en plus soucieuse de reprendre pied en Afrique et ce d’autant plus que la Chine s’y installe avec assurance. La présence politique italienne sur le continent africain reste insuffisante et Rome risque de perdre à jamais cette région, a indiqué un politologue italien.
La politique italienne en Afrique a toujours manqué de stabilité et d’approche systémique des intérêts nationaux de l’Italie tant sur les questions économiques que politiques, a estimé dans un entretien accordé le directeur de l’Institut d’études internationales de Rome Nicola Pedde, spécialiste des intérêts italiens en Afrique.
«L’Italie paie le prix de sa longue absence d’Afrique, elle essaie de revenir dans la région, mais elle n’est plus le partenaire privilégié qu’elle était dans les années 1960-1970. Aujourd’hui, le pays doit rivaliser avec des acteurs beaucoup plus compétitifs», a constaté l’interlocuteur de l’agence.
Et d’ajouter que les intérêts de la France et de l’Italie risquaient d’entrer en concurrence en Afrique du Nord.
«Nous y avons aussi des adversaires plus redoutables que la France, notamment la Chine, et surtout cette rivalité se manifeste en matière d’infrastructures. Par ailleurs, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ne cessent d’investir dans l’est de l’Afrique, région qui représente le plus grand intérêt pour l’Italie», a poursuivi l’expert.
Selon ce dernier, la lutte aussi se déroule pour la zone du Golfe, notamment pour la Somalie, où la rivalité entre l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar est évidente.
«Chacun de ces pays poursuit un objectif bien déterminé. Ils savent ce qu’ils veulent obtenir en Afrique dans les 20 à 30 ans à venir. Alors que l’Italie n’a toujours pas décidé ce qu’elle voulait. Elle est plutôt à l’étape de l’évaluation de la situation, ce qui lui fait perdre des possibilités de développement. Par conséquent, l’Italie risque de devenir un acteur aussi insignifiant en Afrique que personne ne la considérera comme rivale», a déploré l’Italien.
Évoquant le problème des flots de migrants, M.Pedde a insisté sur la nécessité d’organiser davantage de rencontres bilatérales.
«À ce jour, près de 18 millions d’Africains en Afrique essaient d’échapper à la pauvreté, aux guerres et au chômage. De ces 18 millions, seuls 10 % environ veulent quitter leur continent et se rendre en Europe. Nous devons offrir plus de possibilités pour la croissance de l’économie africaine et l’apparition de postes de travail en Afrique. Et alors, les flots de migrants tariront. Il faut rendre possibles les investissements dans la région africaine et réaliser des projets conjoints sur le territoire africain avec des puissances telles que la Russie, la Chine et les États-Unis», a résumé l’interlocuteur.
Dans le cadre d’une tournée officielle à travers les pays de la Corne de l’Afrique, la vice-ministre italienne des Affaires étrangères Emanuela Del Re a visité le 10 décembre la Somalie et rencontré son Premier ministre Hassan Ali Khaire.