Suite au meurtre du week-end dernier au Maroc, Abdelhak Bassou, ancien directeur central des renseignements généraux du pays, a évoqué pour Jeune Afrique ce drame, notant que «Daech […] pointe du doigt les pays à châtier» et laisse «des petits groupes […] faire le travail» incitant «un autre groupe ou une autre personne à faire de même».
Abdelhak Bassou, ancien directeur central des renseignements généraux marocains, revient, dans les pages du magazine Jeune Afrique, sur le double meurtre qui a été commis le week-end dernier à Imlil, une petite localité située à une soixantaine de kilomètres de Marrakech, et qui a été d’ores et déjà qualifié d’acte terroriste par l’enquête.
Questionné par Jeune Afrique sur les priorités de la police dans ce genre d’affaires, il a déclaré que le principal aujourd’hui était de savoir «à qui nous avons affaire» et de déterminer si ces personnes avaient des contacts «purement idéologiques ou organiques» avec des structures terroristes sérieuses.Les autorités marocaines ayant procédé, entre le 17 et le 21 décembre, à l’arrestation des quatre principaux auteurs présumés des faits incriminés, l’hebdomadaire s’est intéressé de savoir s’il était possible de «parler de loups solitaires».
Selon Abdelhak Bassou, il semblerait que le groupe ait été formé «sur une proximité initiale. En effet, une personne peut en embrigader deux ou trois, et c’est le cas de certaines cellules démantelées ces dernières années».
Ainsi, plusieurs de ces «cellules» étaient des regroupements de personnes «initialement éloignées des réseaux djihadistes internationaux, se radicalisant via les réseaux sociaux et communiquant peu avec l’extérieur», a-t-il précisé.
Abdelhak Bassou a répondu par l’affirmative à la question de savoir si cet attentat témoignait de «nouveaux modes d’action des groupes djihadistes».
«Daech*, notamment, désigne les cibles, pointe du doigt les pays à châtier, et laisse des personnes isolées, des petits groupes […] faire le travail», a-t-il expliqué, ajoutant que l’organisation relayait le crime dans ses médias et que «chaque action répertoriée incite ainsi un autre groupe ou une autre personne à faire de même».
Il a tenu à faire remarquer que les cibles n’étaient pas les pays scandinaves, «mais bien les institutions marocaines, l’économie marocaine et le vivre-ensemble dans la région nord-africaine» et que les suspects n’oubliaient pas «de mentionner les villes syriennes dans lesquelles Daech se bat aujourd’hui contre la coalition internationale ou les Kurdes».Examinant cet attentat du point de vue de la possibilité d’inciter d’autres individus à passer à l’acte, Abdelhak Bassou a estimé que cette éventualité faisait partie «des calculs des organisations internationales».
Lundi 17 décembre, les corps de deux touristes scandinaves, Louisa Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été retrouvés dans un site touristique isolé non loin de Marrakech. La nouvelle a ébranlé l’opinion publique au Danemark et en Norvège, mais aussi au Maroc qui n’avait pas connu d’acte terroriste majeur depuis avril 2011. Non revendiqué, l’attentat avait fait 17 morts et une vingtaine de blessés, principalement des touristes occidentaux.