«Gilets jaunes» : l’Eglise catholique appelle au dialogue

L’Eglise catholique souhaite que la crise des «gilets jaunes» soit l’occasion d’un dialogue accru au sein de la société française et entend y participer à son niveau, a déclaré mardi le porte-parole de la Conférence des évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas.

Le mouvement lancé voici un mois et demi, d’abord contre la hausse des carburants, puis étendu à d’autres revendications et ponctué par six samedis de manifestations parfois violentes, paraît en voie d’essoufflement. Mais les plus irréductibles n’ont pas dit leur dernier mot et continuent d’occuper des ronds-points un peu partout en France, malgré l’adoption par le Parlement de 10 milliards d’euros de mesures en faveur du pouvoir d’achat et le lancement d’un débat national pour tirer les leçons de cette crise.

«Cette crise est la résultante de décennies de sentiment d’abandon de territoires, d’inégalités qui augmentent et qui deviennent insupportables pour un certain nombre de personnes, de difficultés à finir les fins de mois», a déclaré mardi Mgr Olivier Ribadeau-Dumas à France Inter. «Nous avons le désir que cette crise soit l’occasion d’un dialogue accru», a ajouté le porte-parole de la Conférence des évêques de France, pour qui l’Eglise catholique est aussi un «corps intermédiaire».

L’Eglise condamne «fermement toute forme de violence». En revanche, le conseil permanent de la Conférence a demandé aux chrétiens d’organiser des dialogues «là où ils sont, parce que notre société crève de ne pas pouvoir s’écouter, de ne pas pouvoir parler, de ne pas être entendue», a-t-il rappelé.

«Je pense que c’est le rôle de l’Eglise de permettre cela», a-t-il ajouté. «Le poids du catholicisme dans notre pays a certainement diminué, et en même temps il reste très fort. L’Eglise, notamment par le maillage de ses 13.000 paroisses (…), est véritablement un lieu où il est possible de se rencontrer et de créer du tissu social.»

Lundi soir, de nombreux manifestants «gilets jaunes» ont passé le réveillon de Noël sur les ronds-points qu’ils occupent depuis plusieurs semaines. «On va manger des oeufs mimosa, de la dinde et de la bûche, comme si on fêtait Noël à la maison!», s’est réjoui à l’AFP Christopher Damiens à Somain dans le Nord. «Moi, j’avais vraiment envie de faire Noël ici, avec mes camarades de combat, car entre nous est née une amitié sincère», a dit Jean-Luc, cariste retraité. Puis note: «Les ronds-points remplacent les petits cafés qui existaient dans le temps, on retrouve une solidarité et on quitte le métro-boulot-dodo».

«J’espérais tant qu’un mouvement comme celui-là émerge. Ici, on s’entraide, on n’est pas dans la société individualiste», dira de son côté Thérèse, 61 ans.

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