L’ambassadeur américain en Allemagne accuse Der Spiegel de partialité

L’ambassadeur américain en Allemagne a accusé l’un des magazines les plus influents du pays d’impartialité à l’encontre des Etats-Unis.

Ces accusations interviennent après qu’un journaliste de Der Spiegel a admis avoir inventé des détails dans une quinzaine de ses articles, notamment dans un papier qui évoque les types de villes rurales qui ont permis à Donald Trump de remporter la présidentielle de 2016.

Dans une lettre adressée vendredi au magazine Der Spiegel, et dans une série de Tweets, l’ambassadeur Richard Grenell, a assuré que les Etats-Unis subissaient une campagne institutionnelle impartiale de dénigrement.

« Nous valorisons les critiques politiques. Nous aimons la presse libre. Mais Spiegel a littéralement fabriqué des histoires, racontant que le peuple (américain) était raciste, xénophobe. Ils ont inventé des événements, des détails et des mensonges, et aucun éditeur n’a validé le texte. Chaque vrai journaliste devrait être outré », a-t-il déclaré dans un tweet.

« Nous sommes préoccupés par le fait que la haute direction de Spiegel pousse ce genre de récits et que les journalistes répondent à ces souhaits«  a écrit l’ambassadeur dans la lettre ouverte. Il a ajouté qu’il souhaitait la mise en place d’une enquête indépendante pour déterminer comment le magazine violait les normes journalistiques après avoir publié à plusieurs reprises le travail du journaliste Claas Relotius.

Dans une lettre ouverte publiée samedi, le rédacteur en chef adjoint de Der Spiegel, Dirk Kurbjuweit s’est excusé pour les fabrications de faits, et a reconnu que les processus de validation des articles avait dysfonctionné. Mais il a rejeté les accusations de partialité de l’ambassadeur Grenell, affirmant que critiquer le président Donald Trump n’équivalait pas à une décision institutionnelle.

« Lorsque nous critiquons le président américain, cela ne constitue pas un parti pris anti-américain. C’est une critique de la politique de l’homme actuellement à la Maison-Blanche », a écrit Kurbjuweit. « L’anti-américanisme m’est profondément étranger et je suis tout à fait conscient de ce que l’Allemagne doit aux Etats-Unis ».

Der Spiegel a déclaré la semaine dernière que Relotius avait commis une fraude journalistique « à grande échelle » pendant de nombreuses années. L’un de ses récits contenant des détails fabriqués concernait une Américaine qui se serait portée volontaire pour assister aux exécutions de condamnés à mort. Un autre article portait sur des milices américaines à la frontière américano-mexicaine. Un troisième concernait la ville de Fergus Falls, dans l’Idaho – une histoire qui, selon Der Spiegel, « brossait un portrait tendancieux et malveillant de la petite ville rurale » et « s’appuyait lourdement sur des préjugés laids et trompeurs ». Dans un article sur Medium, deux résidents de cette ville américaine ont décrit ce qu’ils ont appelé les 10 « mensonges les plus absurdes » de Relotius, notamment en affirmant que la ville était obsédée par le film « American Sniper » et par une description de l’administrateur de la ville  » vierge de pistolet « avec un goût pour les philosophes français du 18ème siècle.

Les fabrications de Relotious ont été révélées par un de ses collègues, qui avait constaté des falsifications de faits dans « Jaeger’s Border », un article qui, selon Der Spiegel, contenait des similitudes avec un article de 2016 sur la frontière publié par Mother Jones.

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