En Tunisie, l’année 2018 est bientôt finie. Cette année a été marquée par de multiples changements dans la scène politique.
La scène était principalement caractérisée par la coalition gouvernementale entre les partis de Nida Tounes et d’Ennahdha, née à la suite des élections d’octobre 2014.
L’annonce du président tunisien, Beji Caïd Essebsi, relative à la fin de son consensus avec le « Mouvement Ennahdha » , était parmi les changements politiques survenus au cours de cette année.
Il convient, également, de noter l’éloignement du Premier ministre, Youssef Chahed, du président Essebsi et de la Direction actuelle de son parti « Nida Tounes » (Libéral)
D’une autre part, la crise économique se poursuit et ses impacts sociaux sont visibles. Dernièrement, des milliers de citoyens sont sortis protester dans la rue.
-Protestation et déploiement de l’armée
L’adoption de la loi des finances de l’année 2018, en décembre 2017, était suivie par une hausse des prix du carburant, des cartes de recharge téléphonique, des services d’internet, des parfums et des produits cosmétiques.
Le 8 janvier 2018, des protestations avaient éclaté dans le gouvernorat de Kasserine (centre-ouest), contre l’augmentation du coût de la vie.
Ces protestations se sont étendues vers d’autres régions, dont Tebourba dans le gouvernorat de La Manouba (nord-est), là où un citoyen protestataire avait péri. Le ministère de l’Intérieur avait démenti qu’une voiture de police l’ait écrasé, selon les médias.
D’autres protestations avaient également eu lieu, le 9 janvier, dans les gouvernorats de Kairouan (centre), de Mehdia (est), de Gafsa (sud-ouest) et de Nabeul (nord-est), ainsi que de Sousse (est) et d’un nombre de quartiers populaires dans la capitale, dont Ettadhamen et Al-Intilaka. Des actes de vandalisme ont, cependant, eu lieu au cours de ces protestations.
Le porte-parole du ministère tunisien de la Défense avait déclaré à Anadolu que l’armée tunisienne avait déployé plus de 2 mille soldats dans 123 points du pays, afin de protéger les institutions de souveraineté.
Pour sa part, le Premier ministre, Youssef Chahed avait accusé « les réseaux de corruption » et « le Front populaire » (Gauche/ 15 députés sur 217) d’avoir incité aux actes de violence et de vandalisme, en mobilisant des groupes de jeunes.
Il avait annoncé, lors d’une visite à la région d’El-Batan à La Manouba (nord de la capitale), l’ouverture d’une enquête pour « dévoiler les parties impliquées dans ces actes ».
Dans ce contexte, Chahed avait qualifié la position du « Front populaire » d’« irresponsable », étant donné que ses députés votent pour la loi des finances et protestent, ensuite, contre cette loi.
Le ministère de l’Intérieur avait annoncé, le 10 janvier, l’arrestation de 206 éléments impliqués dans des opérations de vol, au cours des protestations.
Quarante-neuf agents de police avaient été blessés, dans différentes régions, lors des confrontations avec les protestataires. Des dégâts avaient également touché 45 voitures de police au cours des mêmes événements, selon le ministère.
Le début de l’année avait, d’autre part, été marqué par la visite du président français Emmanuel Macron en Tunisie, entre le 31 janvier et le 1er février 2018,.
Macron avait apporté un appui financier de 500 millions d’euros. La visite était également l’occasion pour signer 8 mémorandums et partenariats qui renforcent la coopération bilatérale entre les deux pays.
En dépit de cet appui, certains experts avaient considéré, dans des déclarations à Anadolu, que le soutien de Paris à la Tunisie était limité.
-Carthage 2 et la tentative de destituer le gouvernement de Youssef Chahed
Vers la mi-mars 2018, Essebsi avait appelé à une réunion des parties signataires de l’accord de « Carthage 1 ». Cette réunion avait abouti à la décision de former une commission pour l’élaboration d’une feuille de route, visant à appliquer les réformes économiques et sociales de priorité.
L’accord de Carthage est un document comprenant les priorités du gouvernement, signé en juillet 2016, entre autres, par l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT-plus grand syndicat d’ouvriers) et par l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA-organisation patronale).
L’accord avait également été signé par l’Union des Agricoles (indépendant) et des partis politiques, dont Ennahdha (68 députés) et Nida Tounes (46 députés).
Le but de la réunion était de changer le gouvernement de Chahed, selon les déclarations de certaines parties participantes.
Le Secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, avait, pour sa part, considéré que le gouvernement de Chahed était « un gouvernement de gestion des affaires courantes ».
Il avait déclaré aux médias que le gouvernement qui serait issu de la commission de « Carthage 2 » conduirait le pays jusqu’à la fin du mandat parlementaire actuel (vers la fin de l’automne 2019).
Le Directeur exécutif de Nida Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, avait souligné, à la suite de la réunion, que « le remaniement ministériel est lié à la feuille de route ».
« Nous ne voulons pas que ce soit un remaniement formel, mais, en profondeur et basé sur les priorités économiques et sociales », avait-il ajouté.
Vers la fin mai 2018, le président Essebsi avait décidé de suspendre l’application de l’accord de Carthage pour un délai indéterminé, au milieu des différends qui se maintenaient entre les signataires du Document, à propos d’un remaniement partiel ou entier du gouvernement.
Une source bien informée auprès des concertations de Carthage avait déclaré à Anadolu que le président avait suspendu le dialogue car le Mouvement Ennadhdha refusait de limoger Youssef Chahed.