Commentant le «concile de réunification» qui s’est tenu le 15 décembre à Kiev, le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille a souligné que les actes du patriarcat de Constantinople ne pouvaient pas ne pas surprendre du point de vue du «bon sens» et que le patriarche Bartholomée Ier avait légalisé illicitement des schismatiques.
«Échec total», c’est ainsi que le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille a caractérisé les résultats du «concile de réunification» qui s’est tenu le 15 décembre à Kiev et qui a débouché, selon lui, sur une «légalisation illicite et anti-canonique des schismatiques » par le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier.
«Échec total du « concile de réunification » – aucune union ne s’est produite, mais ont eu lieu l’unification des schismatiques, leur légalisation illicite et anti-canonique par le patriarche [Bartholomée Ier, ndlr], dont la juridiction ne s’étend pas sur le sol ukrainien», a-t-il déclaré mercredi lors d’une réunion du Conseil suprême de l’Église orthodoxe russe.
Selon le patriarche Cyrille, Constantinople estimait que dès qu’il s’ingérerait dans la situation ukrainienne, il bénéficierait du soutien de la hiérarchie de l’Église orthodoxe ukrainienne et ils «se sont précipités au conseil».«Et de fausses informations ont été transmises [à Bartholomée Ier, ndlr] sur des dizaines d’évêques, avec leurs noms, qui soutenaient déjà le «concile de réunification»… Lors de ma rencontre avec le patriarche Bartholomée — quand il a laissé entendre qu’une partie importante de votre épiscopat soutenait [la tenue de ce « concile de réunification », ndlr] — je lui ai dit que c’était un mensonge et que d’après mes informations, ils n’étaient que deux ou trois personnes… Cela n’a eu aucun effet sur lui, mais il s’est avéré qu’ils n’étaient même pas trois, mais deux, ceux auxquels je pensais», a déclaré le primat de l’Église orthodoxe russe.
Selon lui, les actes de Constantinople surprennent également «du point de vue du bon sens».
«Comment a-t-il été possible d’annoncer que la lettre du patriarche Dionysios de 1686 avait été annulée! Quelle personne saine d’esprit et jouissant de toute sa mémoire, qu’elle soit ecclésiastique ou laïque, peut déclarer qu’un acte historique, vieux de 300 ans, est annulé? L’acte de 1686 est la réalité qui a donné lieu à toute l’histoire. Peut-on imaginer que la Grande-Bretagne abolisse l’acte d’indépendance de l’Inde? », s’est interrogé le patriarche.
Néanmoins, le patriarcat de Constantinople s’est lancé dans «la caricaturisation de l’histoire» et ce qui en résulte est «à la fois tragique et comique». «Il n’est même pas possible d’évaluer rationnellement tout ce qui a été fait par Constantinople», a conclu sa sainteté.À l’initiative du président ukrainien Piotr Porochenko et du patriarche de Constantinople Bartholomée, un «concile de réunification» a réuni le 15 décembre à Kiev principalement des représentants de structures religieuses non canoniques. Seuls deux évêques de l’Église orthodoxe ukrainienne (rattachée canoniquement au Patriarcat de Moscou) y ont pris part après quoi ils ont été interdits de prêtrise. Le «conseil» à Kiev a eu pour résultat l’élection du chef de la nouvelle «Eglise autocéphale» Épiphane Doumenko. L’Église orthodoxe russe a qualifié d’insignifiante la valeur canonique du «concile» à Kiev, et la possibilité de reconnaître Épiphane de tâche à peine réalisable. En même temps, les autorités ukrainiennes s’attendent, début janvier, à recevoir du patriarcat de Constantinople le tomos d’autocéphalie de la nouvelle structure religieuse.