Avant que le vacarme des missiles ne cesse, les hautes sphères médiatiques de l’entité occupante ont divulgué une version unifiée et diffusée par le Jerusalem Post, le Washington Post et le Newsweek Magazine, dont la teneur était que les raids israéliens visaient des dirigeants de haut rang du Hezbollah et qu’il s’est avéré par la suite que ces dignitaires avaient décollé de l’aéroport de Damas, à bord d’un avion iranien, quelques minutes avant l’attaque. Des sources arabes quant à elles propageaient la rumeur de l’assassinat du général Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods.
En parallèle, un autre récit contradictoire était promu par d’autres et consistait à dire que nous étions au bord d’une guerre à laquelle Israël se prépare, et cette agression en était peut-être le prélude, résultant du retrait américain de Syrie. Un aspect d’un tel récit voulait dire aux chefs de la résistance et à la Syrie de ne pas s’emporter, ces raids n’étant que ce qu’a qualifié un général israélien, qui n’a pas révélé son nom à la deuxième chaîne hébreu, d’estimation erronée, et une grave erreur qui pourrait nous entraîner dans une guerre dont on ne peut supporter les conséquences, selon un autre général. En revanche, l’autre aspect voulait signifier au peuple de Syrie et de la résistance de ne pas se réjouir et de ne pas considérer le retrait américain comme une victoire mais comme un prochain désastre et qu’il faudrait se préparer au pire … Ceux qui savent ce qui a été fait, dans les sombres coulisses internationales, pour empêcher l’embrasement des fronts, savent qui a le dernier mot dans cette guerre.
Dans l’état du vide stratégique américain et israélien, la stratégie est devenue une simple fabrique de conjonctures pour la guerre psychologique, et la guerre, les armées et leurs outils ne sont plus qu’une machine à produire des nouvelles et non à changer les réalités du terrain. La guerre psychologique et médiatique est devenue le seul champ disponible pour tenter de changer les règles de confrontation en misant sur le repositionnement des individus sur les fronts du combat. C’est le cas de l’Américain et de l’Israélien, tel que nous l’avions décrit en mettant l’accent sur la signification de la gestion médiatique de la bataille des tunnels menée par Netanyahou et qui n’obéit pas aux conditions de la guerre dans son concept militaire. L’effet des raids sur le terrain est clairement un échec total, sauf dans la mesure où il fournit une plate-forme aux promoteurs du mensonge de la prochaine guerre pour donner libre cours à leurs boniments.
Sur le terrain, lorsque Israël admet avoir utilisé ses F-35 sophistiqués et ses missiles intelligents GBU-39, et lorsque les ministères russes de la Défense et des Affaires étrangères affirment que les avions israéliens, pour éviter les antimissiles de la défense aérienne, se sont abrités derrière des avions civils survolant l’espace aérien libanais, et que malgré cela les raids finissent par un impact militaire nul et des résultats réels ne pouvant être dissimulés, il n’est nul besoin alors de justifier ces raids par un flot de fuites sur une opération très spéciale et l’attente d’une annonce ultérieure dévoilant des informations très graves.
Si l’observateur faisait abstraction de deux choses, la terreur de tout ce qui est relatif à Israël et l’aversion pour quiconque lui résiste, il pourrait mieux voir que les opérations militaires israéliennes les plus scandaleusement ratées sont ces raids, comme l’ont été les précédentes sur les frontières du Golan occupé, comme l’a été la tentative de créer une opportunité et déstabiliser la scène à la frontière du Liban pour s’adonner à des jeux politiques et non pour faire la guerre.
Les tentatives pour explorer les possibilités de pénétrer le système de défense aérienne syrien sous différents angles ont lamentablement échoué, comme celles pour la détection des capacités des S-300 et de leurs sites, et qui auraient été actionnés si les systèmes utilisés n’avaient pas été en mesure d’accomplir leur mission, ont été un fiasco.
Pour l’observateur impartial, il ne serait pas malaisé de constater qu’Israël est dans un effroyable désarroi stratégique, que les élections anticipées n’en sont que les fruits et qu’elles ne résoudront rien, que le retrait américain n’est pas un plan de guerre larvé, que mille victoires ne guériront pas les esprits vaincus qui doivent apprendre à lire le manuel de la guerre, et que les révélations de sites israéliens sur un missile sol-sol syrien qui a explosé près de Haïfa et provoqué un incendie, révélations retirées ensuite des sites concernés par la censure militaire, méritent d’être examinés de près. Il verrait que les allégations sur le consentement implicite de la Russie qui aurait détourné les yeux, comme les propos sur le sérieux de l’annonce de la liberté de mouvement en Syrie concédé par le président américain au président turc, ne sont rien d’autre qu’une marchandise invendue qui n’est achetée et échangée que par les âmes faibles.