Le parlement du Kosovo a voté la transformation des Forces de sécurité en une armée régulière. À cette occasion, le groupe de députés du parti de gauche Die Linke au Bundestag a envoyé une requête au gouvernement fédéral pour savoir sa position sur cette initiative de Pristina. Deux analystes ont commenté la réponse de Berlin.
Berlin soutient énergiquement la «politique illégitime de Pristina», a déclaré Sevim Dagdelen, vice-présidente du groupe de députés du parti de gauche Die Linke au Bundestag, qui avait envoyé le 21 novembre au gouvernement fédéral une requête intitulée «Allemagne et transformation des Forces de sécurité du Kosovo en une véritable armée».
Cela a été fait suite à l’annonce des projets du Kosovo de créer sa propre «armée nationale» et de l’intégrer dans les structures de l’Otan. Le 17 décembre, le gouvernement fédéral allemand a donné ses réponses. Berlin a qualifié ce document de «confidentiel». Sur les 29 questions, 10 réponses étaient marquées du tampon «secret».
Conformément aux projets de Pristina, les Forces de sécurité du Kosovo (KSF) doivent se transformer en une armée régulière, dont les effectifs devront doubler dans les 10 ans à venir, passant des actuels 2.500 policiers à 5.000 militaires. Cela coûterait environ 300 millions d’euros au gouvernement kosovar, et on ne sait toujours pas d’où cet argent pourrait venir.
Sevim Dagdelen, experte en politique étrangère du parti Die Linke, souligne qu’il s’agit d’une violation par le Kosovo du droit international, des normes établies conformément aux critères des Nations unies.
«Selon l’évaluation du gouvernement fédéral, les projets de loi [adoptés par le parlement kosovar, ndlr] ne violent pas la Constitution. […] La Bundeswehr soutient les Forces de sécurité du Kosovo dans le cadre des consultations sur le terrain et à titre d’une assistance militaire sous forme de formation», lit-on dans la réponse «confidentielle» du gouvernement fédéral à la requête de Die Linke.
La création d’une armée kosovare jette de l’huile sur les braises, prévient la parlementaire allemande.
«Il est affreux que Berlin attise la guerre dans les Balkans. […] On ne doit soutenir une armée kosovare ni par des livraisons d’armes ni par des programmes de formation avec la participation de soldats allemands», a souligné Mme Dagdelen.
L’historien autrichien Hannes Hofbauer, a relevé pour sa part que, sans l’argent américain et européen, le Kosovo ne pourrait tout simplement pas créer une armée nationale.
«À mon avis, le gouvernement fédéral d’Allemagne figure parmi les derniers alliés politiques inconditionnels de Pristina. […] À ce qu’il paraît, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a mis en garde contre la création d’une armée kosovare. Il aurait indiqué que plusieurs pays-membres de l’Alliance, dont il ne citait toutefois pas les noms, considéraient comme dangereuses ces ambitions [de Pristina, ndlr]», a résumé l’Autrichien.
Le 14 décembre, le parlement de Pristina a voté une loi autorisant la création d’une armée nationale. Les experts signalent que cette décision remet en cause le statu quo avec la Serbie et va à l’encontre du processus de normalisation dans les Balkans.