Le «gilet jaune» Eric Drouet est sorti de garde à vue cet après-midi. Son arrestation à Paris la veille a provoqué jeudi l’indignation de l’opposition de droite comme de gauche, à deux jours d’un huitième samedi de manifestations dans plusieurs villes de France.
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À sa sortie de garde à vue, Eric Drouet a vivement dénoncé le caractère « politique » de son interpellation. « Tout ce qui se passe ici c’est politique, la façon dont c’est fait, c’est politique. Même eux (les policiers, NDLR) n’ont pas l’habitude que ça se déroule comme ça, qu’il y ait des haut gradés qui assistent à l’audition, qui posent eux-mêmes les questions, c’est du jamais vu », a déclaré Éric Drouet à des journalistes à sa sortie du commissariat parisien où il était entendu depuis son arrestation dans la soirée de mercredi.
Le chauffeur routier de Melun avait été placé en garde à vue pour organisation d’une manifestation sans déclaration préalable. Cet initiateur de la première mobilisation nationale des « gilets jaunes » le 17 novembre a été arrêté alors qu’il se dirigeait vers les Champs-Elysées, où il avait appelé d’autres sympathisants à se rassembler.
« On cherche à nous mettre des responsabilités sur le dos, alors qu’il y en a pas du tout. On a été auditionnés au moins quatre ou cinq fois sur les mêmes sujets. On essaie de nous pousser », a-t-il encore ajouté. « Il n’y a pas eu d’appel » à manifester hier, a-t-il martelé. « Ce n’est pas moi, c’est une page, il y a mon nom inscrit nulle part et malgré ça, on essaie de nous mettre sur le dos des inculpations. On essaie de nous mettre l’organisation d’une manifestation non déclarée, alors que là, ça n’avait rien d’une manifestation, c’était un rendez-vous au restaurant. On en est très loin ». « C’est très énervant qu’on puisse même pas circuler dans la rue librement », a encore jugé Éric Drouet : « on avait tout respecté du début à la fin (…) malgré ça, on a été interpellé ».
« On veut choquer l’opinion publique »
Dans une vidéo diffusée mercredi en fin d’après-midi sur Facebook, Éric Drouet affirmait : « Ce soir, on va pas faire une grosse action, mais on veut choquer l’opinion publique. Je sais pas s’il y en aura qui seront avec nous sur les ‘Champs’ (…) On va tous y aller sans gilet ». Interrogé sur les soutiens que de nombreux « gilets jaunes » lui ont apporté, Éric Drouet a répondu qu' »avec ou sans moi, ça continuera », en estimant ne pas être « un représentant des ‘gilets jaunes' ». « Les samedis se feront, les manifestations se feront. C’est un mouvement citoyen », a-t-il ajouté.
« Éric Drouet est libre aujourd’hui, dans une opération purement et bassement politique, qui n’a rien de juridique », a commenté son avocat, Me Kheops Lara. « Je ne peux que constater qu’aujourd’hui concernant Éric Drouet, c’est l’État qui a bafoué l’État de droit. On l’a interpellé alors qu’il circulait librement à Paris ». À Lille, une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées dans l’après-midi pour demander sa libération.