L’année qui commence sera déterminante pour le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Une élection est prévue pour l’automne 2019, et son bilan est loin de faire l’unanimité. D’autant plus qu’un vent conservateur semble souffler sur cet eldorado boréal.
2019, année de tous les dangers pour Justin Trudeau? Certainement, car les partis fédéraux semblent déjà entrés en phase électorale au Canada. Une élection est prévue à l’automne 2019 et le Premier ministre montre certains signes d’essoufflement.
Justin Trudeau devra défendre son premier bilan, et celui-ci est loin de faire l’unanimité. Le jeune dirigeant devra aussi composer avec la montée de forces conservatrices un peu partout au pays et naviguer ainsi à contre-courant. Parviendra-t-il à se refaire une image plus conforme aux volontés des Canadiens? Les paris sont ouverts.
Un récent sondage montre que la formation de Trudeau, le Parti libéral, se trouve au coude-à-coude avec son principal adversaire, le Parti conservateur. Le jeune Premier ministre devra donc redoubler d’efforts pour être réélu, surtout que le chef des Conservateurs et de l’opposition officielle, Andrew Scheer, n’est même pas considéré comme un leader charismatique. Le dynamisme de Trudeau ne suffira probablement pas à faire pencher la balance, disent les meilleurs observateurs. L’économie et l’immigration sont les deux thèmes principaux qui ont plombé le premier mandat de Trudeau.
Un bilan mitigé pour les Libéraux de Trudeau
Le Premier ministre devra d’abord convaincre les électeurs de sa bonne gestion des finances publiques, dans un pays où l’économie reste le thème prédominant des campagnes électorales. En conséquence, il devra montrer qu’il a su stimuler la croissance, ce qui est loin d’être gagné d’avance. Le Parti libéral ne craint pas les déficits budgétaires, ce qui lui a valu bien des critiques de l’opposition officielle.
Certains jugent que le Parti libéral a fait croître de manière exponentielle la dette de l’État fédéral. «Dès 2023, les Canadiens dépenseront davantage au service de la dette qu’ils ne dépensent aujourd’hui en transferts en santé aux provinces», estime Andrew Scheer, le chef du Parti conservateur.
«Ce sont 40 milliards de dollars qui n’iront pas dans les projets d’infrastructures, au service des vétérans ou dans les équipements des Forces armées, mais qui enrichiront plutôt des banquiers et des créanciers, pour lesquels les Canadiens n’obtiendront rien en retour», a déclaré M. Scheer lors de son bilan de fin d’année à Ottawa.
Les Canadiens sont plus attachés à l’État-providence que les Américains, mais demeurent des contribuables exigeants, ce qui n’est d’ailleurs pas forcément contradictoire. Un autre récent sondage montre aussi qu’une majorité de Canadiens s’attend à une dégradation de l’économie en 2019. Un pessimisme économique qui n’est pas sans lien avec les déficits réalisés par le gouvernement Trudeau. 85% des personnes interrogées lors de ce sondage IPSOS estiment que le remboursement du déficit devrait être une priorité du prochain budget fédéral.
Le bilan de Trudeau apparait toutefois plus solide en ce qui concerne la guerre économique entre le Canada et les États-Unis, déclenchée par Donald Trump. Le Premier ministre canadien a séduit en se montrant ferme et en ripostant aux mesures protectionnistes des États-Unis. Assez pour diriger le prochain gouvernement?
Économie: les Canadiens sont pessimistes
Justin Trudeau devra également défendre sa gestion des flux migratoires, lui qui propose toujours une hausse des seuils d’immigration. Trudeau est critiqué pour son tweet de bienvenue aux réfugiés du monde entier de janvier 2017, lequel aurait attiré depuis plus de 40.000 migrants au Canada. Après la publication de ce tweet, des milliers de migrants haïtiens en provenance des États-Unis se sont rués vers le Canada, alors que les autorités n’y étaient pas préparées. Il s’agirait de la première grande crise migratoire de l’histoire canadienne au XXIe siècle.
Mais avant cette crise migratoire, rappelons que Justin Trudeau avait décidé d’accueillir 25.000 réfugiés syriens au Canada, une autre réalisation qui a semé la controverse. Certains Canadiens voient en Trudeau un dirigeant déconnecté des réalités du terrain. Pour être accueillant, encore faut-il en avoir les capacités.
Trudeau, un Premier ministre déconnecté?
En 2019, il n’est donc pas impossible que le Premier ministre remise temporairement sa ligne progressiste pour se montrer plus pragmatique. Trudeau a beaucoup misé sur la diversité et la générosité de l’État, mais il devra maintenant miser sur l’unité canadienne et la rigueur budgétaire, sans quoi il pourrait en payer le prix auprès des électeurs. Trudeau devra aussi faire oublier son voyage en Inde, un séjour qui s’est avéré catastrophique sur le plan diplomatique et pour son image. Durant ce séjour, il était apparu vêtu de différentes tenues traditionnelles indiennes, ce qui a été tourné en ridicule, au Canada comme au pays de Gandhi.S’il advenait que Justin Trudeau perde le pouvoir en octobre 2019, il s’agirait d’une défaite monumentale pour les libéraux canadiens. Il est crucial de le rappeler: Justin Trudeau n’est pas un politicien ordinaire, mais le fils d’un des plus grands Premiers ministres de l’histoire canadienne, Pierre Elliott Trudeau. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir en novembre 2015, certains avaient vu dans son élection le début d’une véritable dynastie.