Le roi Salmane d’Arabie saoudite a remanié jeudi son gouvernement, écartant à cette occasion le chef de la diplomatie Adel al-Joubeir, critique des plus intransigeants du Président syrien Bachar el-Assad et adversaire de la politique de Téhéran. Un politologue iranien a commenté la situation.
L’ancien ministre des Finances, Ibrahim al-Assaf remplace Adel al-Joubeir au poste de chef de la diplomatie saoudienne quelques mois après l’affaire Khashoggi, dont le royaume continue de subir les retombées. Somme toute, l’Iran est optimiste quant à un éventuel changement de la politique étrangère de Riyad, a déclaré l’ancien ambassadeur et politologue iranien Seyed Hadi Afghahi.
«Pour nous, il est toutefois beaucoup plus important de comprendre pourquoi Adel al-Joubeir a été destitué de son poste. Malgré tous ses propos violents et accusations gratuites à l’endroit du Président syrien, de la République islamique d’Iran et du mouvement yéménite Ansarullah, il n’était pas indépendant dans ses faits et gestes. En tant que ministre des Affaires étrangères, il ne devait qu’appliquer la politique choisie par le prince héritier Mohammed ben Salmane», a poursuivi l’interlocuteur de l’agence.
Selon ce dernier, c’est justement pour cette raison que les violentes déclarations d’al-Joubeir sur l’Iran devenaient parfois froides, voire conciliantes. Par ailleurs, c’est précisément sous le ministre destitué des Affaires étrangères que Riyad a rompu unilatéralement ses relations diplomatiques avec Téhéran.
«Tout a changé pour al-Joubeir quand le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été assassiné le 2 octobre à l’intérieur du consulat du royaume à Istanbul», a rappelé le politologue.
Et d’expliquer que le chef de diplomatie était tout indiqué pour en répondre.
La nomination d’un nouveau chef de la diplomatie fait partie d’une série de décrets royaux annonçant un remaniement ministériel surprise. Riyad nie toute implication du prince héritier dans ce crime, tandis que les médias turcs et américains, ainsi que la CIA, le soupçonnent de l’avoir commandité.
«Il n’est pas non plus à exclure que les Saoudiens aient enfin compris que leur approche radicale de la politique extérieure à l’égard des pays de la région était un échec et qu’il était nécessaire de le changer. Preuve à l’appui, leur position plus modérée dans la question yéménite et à l’égard même du mouvement Ansarullah, ainsi que leur intention de lever le blocus du Qatar», a estimé M.Afghahi.
Et de rappeler que le Président iranien Hassan Rohani et son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif avaient invité les dirigeants iraniens à un dialogue de paix.
«Je pense que Riyad accèdera au désir de l’Iran et nous entamerons sous peu non seulement des négociations sur le rapprochement, mais aussi sur l’aide à accorder à l’Arabie saoudite pour qu’elle puisse sortir de l’impasse politique dans laquelle elle s’est retrouvée», a résumé l’interlocuteur.