Lors de sa visite à Kaboul, Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale de l’Iran, a annoncé la tenue de négociations avec les talibans afghans. C’est la première fois que Téhéran reconnaît avoir des contacts directs avec eux.
Les négociations des Iraniens avec les talibans afghans auraient pu porter sur la sécurité, l’Iran étant préoccupé par l’éventuel renforcement de l’influence de Daech sur le territoire de l’Afghanistan, ce qui menacerait la sécurité de la Russie depuis les pays d’Asie centrale et la sécurité de l’Iran depuis l’ouest, mais on ne sait pas si le gouvernement afghan se félicite de l’établissement de tels contacts, a estimé le professeur à l’Université de Téhéran Pir Mohammad Mollazehi, spécialiste des problèmes régionaux de l’Afghanistan, du Pakistan et de l’Inde.
«Les Afghans considèrent tout soutien accordé aux talibans ou les négociations avec ceux-ci [menées sans le contrôle du gouvernement afghan, comme une menace à la sécurité nationale de l’Afghanistan», a expliqué l’interlocuteur de l’agence.
Selon ce dernier, il est aussi peu probable que les talibans puissent parvenir à un consensus avec le gouvernement afghan lors d’un sommet à Moscou.
«Bien que l’Iran ait pris part aux négociations de Moscou, cette rencontre n’a pas eu de suites parce que d’autres participants au processus de négociations, principalement le Pakistan, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, les États-Unis et le gouvernement afghan lui-même n’ont pas accepté le sommet moscovite sur l’Afghanistan», a rappelé l’Iranien.
Et d’ajouter qu’il serait plus réaliste de mener de telles négociations au Qatar ou à Abu Dhabi parce que le Pakistan, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis étaient ces trois pays qui avaient autrefois reconnu le gouvernement des talibans et entretenaient toujours avec ces derniers des liens idéologiques, matériels et militaires.
L’analyste politique afghan Ahmad Saidi a estimé pour sa part qu’il était impossible d’obtenir la paix en Afghanistan sans le concours des pays intéressés que sont l’Iran, le Pakistan, l’Inde, l’Arabie saoudite et la Russie.
«Le problème de l’Afghanistan est régional, voire transrégional. C’est pourquoi pour le résoudre, il est nécessaire de tenir compte des intérêts de tous les pays. Quant aux Iraniens, ils ont invité les talibans pour faire entendre aux Américains que l’Iran avait lui aussi sa position», a résumé l’Afghan.