Le commandant en chef des Unités de protection du peuple a soumis à Moscou et Damas un plan d’extension d’influence des autorités syriennes aux territoires sous contrôle des Kurdes, à condition que les collectivités locales y soient reconnues, rapporte le journal Asharq al-Awsat.
«Quelques jours» après la déclaration de Donald Trump sur le départ des troupes américaines de Syrie, une délégation de haut rang, conduite par le commandant en chef des Unités de protection du peuple (YPG), Sipan Hemo, s’est rendue à la base aérienne de Hmeimim, ainsi qu’à Damas et à Moscou, relate le quotidien panarabe Asharq al-Awsat.
Selon les sources du journal, à la rencontre de Damas ont participé le ministre syrien de la Défense Ali Abdallah Ayyoub, le chef du Bureau de la sécurité nationale en Syrie, le général Ali Mamluk et le chef du Renseignement militaire syrien, ainsi qu’une «délégation militaire russe de haut rang».
Sipan Hemo aurait déclaré aux autorités syriennes que les milices kurdes YPG étaient prêtes à passer le contrôle de la frontière syro-turque à l’armée syrienne à condition que la Russie en soit le garant. La partie kurde aurait aussi accepté de repousser à plus tard les questions d’une résolution politique du conflit et de la Constitution de la Syrie.
Le journal affirme par ailleurs que la délégation conduite par Sipan Hemo s’est rendue à Moscou le 29 décembre, le jour même de l’arrivée dans la capitale russe du chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.
Toujours selon Asharq al-Awsat, lors de cette rencontre, il s’agissait de créer une «ligne de sécurité» sur le territoire syrien. Ankara aurait proposé une zone profonde de 20 à 30 km, alors que Moscou aurait plaidé pour un cordon de 5 à 10 km.
Quoi qu’il en soit, la délégation kurde aurait rejeté cette proposition, déclarant que la Turquie pouvait bien créer une telle zone de sécurité sur son propre territoire, car il y avait à la frontière une multitude de villages à population majoritairement kurde. De son côté, la délégation turque s’est déclarée opposée à toute coopération de Damas avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et à la présence des YPG à la frontière turque.
Le quotidien écrit que, finalement, les parties auraient trouvé une solution qui arrangerait tout le monde: le contrôle de la frontière reviendrait aux autorités syriennes, à condition que les territoires frontaliers soient administrés par des collectivités locales.
C’est justement avec ces rencontres que la publication panarabe lie les déclarations pratiquement simultanées des milices kurdes et du ministère syrien de la Défense sur la levée du drapeau syrien sur Manbij et le départ des unités kurdes de cette ville.
Ainsi, les milices kurdes YPG ont commencé à quitter les lieux, conformément aux accords conclus avec Damas. Pour sa part, l’état-major des forces armées syriennes a annoncé la reprise de Manbij jusqu’alors contrôlée par des unités kurdes. Précédemment, les Unités de protection du peuple avaient appelé le gouvernement de Damas à reprendre le contrôle des régions abandonnées par leurs forces afin de les protéger d’une éventuelle invasion turque.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié la reprise des régions kurdes par les forces gouvernementales syriennes de «tendance positive».
Les médias constatent que l’annonce en décembre par Washington de son intention de retirer ses troupes de Syrie a poussé les Kurdes à une nouvelle alliance avec Damas pour faire face aux menaces d’une offensive de la Turquie voisine.