Les Serbes de Bosnie ont entamé mardi les célébrations de la « fête nationale » de leur entité, la Republika Srpska, malgré une interdiction de cette fête en 2016 par la justice, et la colère des Bosniaques.
Cette fête est vécue comme une provocation par les Bosniaques musulmans: elle célèbre la création le 9 janvier 1992 d’une « république des Serbes » de Bosnie, la « Republika Srpska », trois mois avant le conflit intercommunautaire (1992 – 95) qui a fait 100.000 morts et plus de 2 millions de déplacés dans cette ex-république yougoslave.
Parmi les fondateurs de cette Republika Srpska, figurait Radovan Karadzic, théoricien du nettoyage ethnique, qui devait être par la suite condamné par la justice internationale pour génocide. Principal événement de ces cérémonies, un défilé auquel participeront les forces de police de la Republika Srpska, aura lieu mercredi à Banja Luka (nord), capitale de cette entité.
La Republika Srpska est une des deux principales entités qui composent la Bosnie. Elle est majoritairement peuplée par des Serbes (chrétiens orthodoxes), qui représentent un tiers des 3,5 millions d’habitants de la Bosnie. La seconde entité est une fédération des Bosniaques (musulmans, la moitié de la population du pays) et des Croates (catholiques, 15%).
Le patron des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, qui exerce depuis novembre la fonction de membre serbe de la présidence tripartite bosnienne, a déclaré mardi que le pays qu’il codirige était « une société ratée qui peut difficilement survivre sans l’interventionnisme international ». Milorad Dodik a participé à un dépôt de gerbe à Banja Luka en hommage aux soldats serbes tués lors du conflit de 1992 – 95.
« Certaines réalités doivent être acceptées. Tout comme nous endurons l’existence de la Bosnie-Herzégovine, ils (les Bosniaques) vont devoir s’habituer à nous », a déclaré cet ancien social-démocrate devenu nationaliste. Un représentant des Bosniaques vivant en Republika Srpska, Ramiz Salkic, a prévenu que le 9 janvier ne serait « jamais une fête » pour sa communauté. A ses yeux, cette date rappelle « les expulsions, la destruction de nos biens et les meurtres de nos proches, le génocide contre notre peuple », a déclaré M. Salkic. Les chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés par la justice internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Bosnie. Ils ont été reconnus coupables notamment de génocide pour le massacre de Srebrenica, dans lequel plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques ont été tués en juillet 1995.