Angela Merkel a salué jeudi à Athènes « l’action décisive » du Premier ministre grec Alexis Tsipras sur le nouveau nom de la Macédoine, tournant la page des manifestations d’hostilité qui avaient émaillé sa dernière visite officielle en 2014.
La chancelière allemande a affiché sa « reconnaissance » à Alexis Tsipras pour avoir « entrepris de résoudre » cette question épineuse. Elle s’exprimait au terme de deux heures d’entretien avec son homologue grec, dans un climat d’apaisement entre la Grèce et l’Allemage depuis ses deux dernières visites en 2012 et 2014, marquées par d’importantes manifestations anti-austérité.
L’accord gréco-macédonien, signé le 17 juin 2018 à Prespes, s’il est validé par les deux parlements, « permet à la Macédoine du Nord de devenir membre de l’Otan et de l’UE », a déclaré la chancelière. « Cet accord est de l’intérêt de tous, de la Macédoine, de la Grèce et de toute l’Europe », a-t-elle souligné.
Alexis Tsipras a pour sa part parlé d' »accord modèle » qui « va apporter de la stabilité et de la croissance dans la région ». « La Grèce était une partie du problème et est devenue une partie de la solution », a-t-il dit après deux heures d’entretien avec Mme Merkel.
Le Parlement macédonien s’apprête à décider s’il rebaptise le pays « République de Macédoine du nord », ce qui mettrait fin à son litige avec la Grèce. Le vote sur quatre amendements constitutionnels doit intervenir avant la date-limite du 15 janvier.
Un vote positif mettrait fin à des mois d’un combat politique féroce en Macédoine. La balle passerait à Athènes. Le changement de nom n’entrera en effet en vigueur que si le Parlement grec avalise aussi l’accord conclu au printemps entre Zoran Zaev et son homologue grec Alexis Tsipras.
L’accord, visant à mettre fin à un litige vieux de près de trente ans, est soutenu par l’UE et par les Etats-Unis car il devrait ouvrir la voie à l’adhésion de ce petit pays balkanique à l’UE et à l’Otan.
Mais en Grèce, l’accord gréco-macédonien fait polémique et risque de mettre à l’épreuve la faible majorité gouvernementale lors d’un vote sur cet accord au Parlement grec.
« Chantage de Merkel »
« Va-t-en Merkel ! », « Non au chantage de Merkel sur l’accord de Prespes ! », pouvait-on lire sur des panneaux brandis au centre d’Athènes, pour la visite placée sous haute sécurité.
Parmi les quelque 200 manifestants, répondant à l’appel de petits partis de gauche, Melina Kotsaki estime que « Mme Merkel vient encore en Grèce faire pression sur le gouvernement grec ». « Elle n’est pas la bienvenue en Grèce, elle a fait souffrir beaucoup de Grecs ! » ajoute la retraitée.
La visite d’Angela Merkel est perçue comme un soutien au pays, qui vient de sortir des programmes d’aide européenne dans lesquels Angela Merkel a joué un rôle important en se battant pour maintenir la cohésion de la zone euro.
Gardienne de la discipline budgétaire dans l’UE, l’Allemagne est associée dans l’esprit des Grecs aux politiques de rigueur stricte imposées pour parer à la crise de la dette, à l’origine d’une hostilité entre les deux pays.
Alexis Tsipras, leader de la gauche Syriza et fervent opposant de l’austérité lors de son arrivée au pouvoir en janvier 2015, a fait volte-face six mois plus tard sous la pression de l’UE.
« Nous avons le courage de dire non aux voix de l’intolérance qui cherchent à se renforcer lors des prochaines élections européennes », a encore déclaré M. Tsipras jeudi, estimant que « le principal danger est l’émergence de puissances anti-européennes ».
« Par la coopération, nous pouvons tous avoir un meilleur avenir plutôt que par le nationalisme, qui mène souvent l’Europe à la catastrophe. Nous Allemands savons particulièrement bien ce que ces catastrophes signifient », a ajouté pour sa part Angela Merkel.
La chancelière a tenu à « rassurer la Grèce » sur le fait que celle-ci « peut continuer à compter sur son partenariat et son amitié avec l’Allemagne », dans une déclaration au quotidien Kathimerini parue jeudi.
Vendredi, elle doit également s’entretenir avec le président de la République hellénique Prokopis Pavlopoulos et ensuite avec le dirigeant de la Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, allié du parti de Mme Merkel, la CDU, au sein du PPE au Parlement européen avant son départ vers 14H00 GMT.