Manifestations au Pays basque en faveur du rapprochement des prisonniers d’ETA

Des milliers de personnes ont défilé samedi au Pays basque, en Espagne et en France, en faveur du rapprochement des prisonniers de l’ancien groupe séparatiste armé ETA, actuellement dispersés à travers l’Espagne et la France, selon l’AFP.

Les deux marches ont eu lieu à Bilbao, au Pays basque espagnol, et à Bayonne, au Pays basque français.

A Bilbao, quelque 76.000 manifestants, selon les organisateurs, ont défilé dans une avenue du centre de la capitale de la Biscaye, aux cris de « Euskal presoak etxera » (« Les prisonniers basques à la maison ») ou de « presoak kalera amnistia osoa » (« les prisonniers dans la rue, amnistie totale »).

A Bayonne, ils étaient environ 9.000 personnes, selon les organisateurs, et 8.500 selon la police, à défiler sous le slogan « Orain presoak », ou « les prisonniers maintenant », pour réclamer un meilleur sort pour les 265 prisonniers basques.

Jusqu’à présent, la politique du gouvernement espagnol a consisté à éloigner du Pays basque les prisonniers liés avec ETA.

Toutefois, après son arrivée au pouvoir en juin 2018 — un mois après la dissolution d’ETA — notamment grâce aux voix des nationalistes basques, le socialiste Pedro Sanchez s’est dit prêt à transférer ces détenus dans des prisons proches de chez eux.

Réclamé de longue date par les familles de prisonniers et les militants de la cause séparatiste basque, ce rapprochement met en colère les associations de proches des 853 victimes d’ETA.

L’une d’entre elles, COVITE, préconise que ne soient transférés au Pays basque que les détenus ayant condamné ETA et demandé le pardon des victimes, ce que très peu ont fait jusqu’à présent.

Mais les défenseurs des prisonniers basques font valoir que moins d’une dizaine de prisonniers se trouvent actuellement au Pays basque et que la grande majorité d’entre eux sont dispersés dans des régions telle que l’Andalousie (sud), Murcie et Valence (sud-est), ou encore en Estrémadure (sud-ouest), à des centaines de kilomètres de leurs proches.

« Ce changement (de politique du gouvernement espagnol) n’a pas eu lieu. Et si c’est le cas, il se produit au compte-gouttes. Il y a une déception certaine », a commenté samedi à la radio Cadena SER Joseba Azkarraga, porte-parole de la plateforme Sare pour la défense des droits des prisonniers basques, à l’origine des deux marches.

Sur les 265 personnes incarcérées pour leur lien avec ETA, 46 sont en France, une au Portugal et les autres réparties à travers l’Espagne. Très peu sont au Pays basque même, selon l’association des familles et proches des prisonniers basques Etxerat.

Depuis l’annonce de Pedro Sanchez en juin, dix-neuf prisonniers ont été ou sont sur le point d’être transférés vers des prisons plus proches de leurs familles, a indiqué à l’AFP une porte-parole de l’administration pénitentiaire espagnole.

Côté français, de nombreux élus locaux ont pris part à la manifestation. « Nous ne demandons pas un régime de faveur mais l’application du droit commun », a indiqué le député LREM (majorité présidentielle) Vincent Bru lors des prises de parole finales, « il y a aussi la question des victimes et il faut traiter en même temps le droit et la reconnaissance de toutes les victimes ».

Selon le sénateur LR (opposition) Max Brisson, « on a réglé la question de l’arsenal militaire et de la violence (…), donc la question des prisonniers peut avancer avec des mesures de clémence, même si elles sont individuelles », a-t-il plaidé en regrettant « un blocage collectif et de la contradiction dans la parole du gouvernement ».