Le secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières, Christophe Deloire, a lancé dimanche « un cri d’alarme » après les menaces et agressions contre plusieurs journalistes lors de manifestations samedi de « gilets jaunes ».
« Incontestablement, hier, un cap a été franchi », s’est inquiété Christophe Deloire sur le plateau de BFMTV. « On est devant une situation qui est très grave, qui menace d’empirer », a-t-il ajouté.
« Il faut lancer un cri d’alarme aujourd’hui », a poursuivi le secrétaire général de RSF, demandant aux responsables politiques « qu’ils disent qu’ils réprouvent, qu’ils condamnent » ces actes, et que « ceux qui ont la parole au nom des gilets jaunes (…) s’en désolidarisent ».
Tout en rendant hommage aux « gilets jaunes » « qui essayent de protéger » les journalistes pris à partie et en reconnaissant le droit de critiquer la ligne éditoriale d’un média, il a pointé du doigt d’autres manifestants qui « sont dans un chantage anti-démocratique inacceptable qui (…) consiste à dire +si vous ne couvrez pas les événements exactement comme on l’entend (…) alors on est en droit de vous molester, de vous tabassez et disons-le, de vous lyncher ».
Samedi, plusieurs journalistes ont été pris à partie ou agressés lors de la couverture de manifestations de « gilets jaunes ».
A Rouen, un agent de sécurité qui accompagnait une équipe de LCI a été roué de coups alors qu’il était à terre et a eu le nez fracturé. A Toulon, deux journalistes vidéo de l’AFP ont été menacés alors qu’ils filmaient des échauffourées, avant de trouver refuge dans un restaurant. A Marseille, une journaliste vidéo de France 3 et deux photographes locaux ont été insultés et empêchés de travailler. A Pau, un journaliste pigiste a reçu un coup de pied. A Toulouse, une journaliste de La dépêche du Midi a été menacée de viol.
Rappelons que dans la nuit du 11 au 12 janvier, des « gilets jaunes » ont bloqué le centre d’impression de L’Yonne Républicaine et ont empêché la diffusion de La Voix du Nord.