Emmanuel Macron se rend mardi dans l’Eure à l’occasion de la grande consultation nationale dont il va donner le coup d’envoi avec l’espoir de clore la crise des Gilets jaunes qui a ébranlé son quinquennat. Suivez notre direct à partir de 15 h.
Grand débat national oblige, Emmanuel Macron bouscule son agenda. Avec l’espoir de clore la crise des « gilets jaunes », le chef de l’État se rend sur le terrain, à 15 h, à Grand-Bourgtheroulde, une commune normande de 3 800 habitants, dans l’Eure, pour donner le coup d’envoi de sa grande consultation nationale.
Le ministre chargé des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, et la secrétaire d’État à la transition écologique et solidaire, Emmanuelle Wargon, chargés d’animer cette grande concertation qui durera jusqu’au 15 mars, seront également présents, tous comme les ministres Jacqueline Gourault (Cohésion des territoires) et Bruno Le Maire (Économie).
Ce grand débat est un exercice périlleux pour Emmanuel Macron, juge la majeure partie des éditorialistes. »S’il rate cette étape, les dégâts, pour lui comme pour le pays, seront considérables », s’inquiète Jean-Marcel Bouguereau de la République des Pyrénées. D’autres, comme Jean-Michel Servant, veulent croire que « cette consultation républicaine (…) permettra d’améliorer un peu plus notre démocratie ».
Un exercice « inédit »
Après des propos introductifs, Emmanuel Macron assistera aux échanges aux côtés de quelque 600 maires de Normandie, lors de ce coup d’envoi d’un exercice « inédit » qui n’est « ni une élection ni un référendum » et qui doit permettre de répondre à la colère exprimée depuis deux mois par les Gilets jaunes.
L’éruption de ce mouvement hétéroclite sans leader attitré, le 17 novembre dernier, a pris de court l’exécutif, ébranlé par les violences et les actes de dégradation qui ont émaillé les manifestations et dont les images ont fait le tour du monde.
Après avoir opéré une volte-face début décembre en annonçant 10 milliards d’euros de mesures en faveur du pouvoir d’achat, Emmanuel Macron tente depuis de reprendre la main en haussant le ton contre les casseurs et en misant sur ce débat national qui sera concentré sur quatre thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l’État et démocratie et citoyenneté).
Une « prise de conscience » d’Emmanuel Macron
Plus d’un mois après l’avoir annoncé, le chef de l’État en a fixé le cadre dans une « lettre aux Français » diffusée dimanche soir, avant de recevoir lundi à l’Élysée une quinzaine de maires de communes rurales qui lui ont remis les « doléances » exprimées par les Français lors de la première phase du débat.
À voir : Emmanuel Macron et sa « lettre à France »
À l’issue de l’entretien, le président de l’Association des maires ruraux (AMRF), Vanik Berberian, a salué une « prise de conscience » d’Emmanuel Macron tout en prévenant qu’il serait « attentif » aux mesures qui seront prises à l’issue du débat.
La prise en compte des positions exprimées par les Français par l’exécutif est l’un des points de crispations entre le gouvernement, les Gilets jaunes et une partie de l’opposition – les deux derniers mettant en doute la sincérité de l’exercice et dénonçant un « enfumage ».
Impôts sur la fortune, quotas migratoires
Emmanuel Macron comme Édouard Philippe ont assuré que la grande concertation serait suivie d’effets, mais ont dans le même temps fixé des lignes rouges, notamment en matière fiscale, excluant un rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) comme le réclament les manifestants.
Le chef de l’État a en revanche, à la surprise générale, ouvert la porte à une possible instauration de quotas migratoires, une mesure rejetée jusqu’à présent par le gouvernement et défendue par la droite ces dernières années, de Nicolas Sarkozy à François Fillon en passant par Nicolas Dupont-Aignan.
Afin de garantir la transparence et l’impartialité du débat, le Premier ministre a annoncé lundi soir qu’un collège de cinq personnalités, dont les noms seront officialisés vendredi, serait mis en place.
Le retour du terrain
Le déplacement de ce mardi signe le retour sur le terrain d’Emmanuel Macron, relativement discret depuis début décembre, lorsqu’il avait été hué et sifflé lors d’une visite surprise à la préfecture du Puy-en-Velay (Haute-Loire).
Lors de son premier déplacement de l’année la semaine dernière à Créteil (Val-de-Marne), les Gilets jaunes venus manifester aux abords de la Maison du Handball qu’il avait inaugurée avaient été tenus à distance du chef de l’État.
Dans l’Eure, en prévention de potentielles actions des Gilets jaunes, le dispositif de sécurité a été renforcé.