L’Iran tente d’accélérer la mise en place d’un mécanisme financier spécial avec l’Europe afin de protéger son économie contre les sanctions américaines. Les Européens avaient notamment promis à l’Iran de lancer un système alternatif de paiements bancaires, mais ce dernier ne fonctionne toujours pas.
Le respect unilatéral de l’interdiction des travaux nucléaires devient pratiquement insensé pour Téhéran, écrit mardi 15 janvier le quotidien Nezavissimaïa gazeta. L’Iran se dit prêt à mettre en place la production d’uranium plus enrichi par ses propres moyens.
Le directeur de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran (OEAI) Ali Akbar Salehi a déclaré que les premières démarches avaient été engagées pour élaborer une version améliorée de combustible avec un uranium enrichi à 20%, plus efficace que le combustible déjà utilisé dans le réacteur nucléaire de Téhéran. Il a précisé que son pays était sur le point d’élaborer un nouveau combustible modernisé qui pourrait être utilisé dans n’importe quel réacteur. «La conception de réacteurs est aujourd’hui devenue une tâche à la portée des experts iraniens», a-t-il affirmé.L’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien avait restreint le développement du programme nucléaire de Téhéran (avec l’autorisation d’enrichissement jusqu’à 4,5% à des fins scientifiques et médicales) en échange de la levée des sanctions contre Téhéran. L’Iran a rapidement profité de cet accord en augmentant ses exportations pétrolières.
Bien que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’ait constaté aucune infraction, en mai 2018 les USA se sont unilatéralement retirés de l’accord en rétablissant les sanctions en deux étapes. Les banques iraniennes ont été déconnectées du système international SWIFT, et à partir du 5 novembre a été rétablie l’interdiction d’effectuer des opérations en dollars pour les banques des pays qui ne renonceraient pas à l’achat de pétrole iranien, ainsi que les sanctions contre les ports iraniens et les principaux secteurs économiques du pays — l’énergie, la navigation maritime et la construction navale.Téhéran se sert de différents prétextes pour rappeler les pertes subies par les sanctions. En particulier, les signaux indiquant que l’Iran est prêt à revenir à l’enrichissement d’uranium jusqu’à 20% sont devenus habituels.
«Il s’agit certainement d’une déclaration politique, l’Iran prépare le monde à son retour au développement d’un programme nucléaire en cas de rupture totale de l’accord nucléaire. Cette déclaration est destinée au public national et aux partenaires européens. Quant à la rétro-ingénierie, l’Iran ne disposait pas jusqu’à présent des compétences nécessaires pour concevoir ses propres réacteurs. Ils étaient conçus par d’autres pays — c’est un secteur très complexe, laborieux et coûteux avec de longues périodes de réalisation», explique Pavel Iakovlev, rédacteur en chef du site Atomic-Energy.ru.
«Le préjudice des sanctions (et de l’attente des sanctions) pour l’Iran est très important. Selon certaines informations, les exportations de pétrole iranien se sont réduites de plusieurs centaines de milliers de barils par jour en novembre 2018. Elles étaient même descendues en-dessous de 1 million de barils par jour contre 2,5 millions en avril 2018. L’Iran est confronté au problème du départ d’une partie des investisseurs et du débranchement d’une partie des banques iraniennes du système SWIFT. En 2018, le pays a subi une forte dévaluation de la monnaie nationale», rappelle Stanislav Mitrakhovitch, expert de l’Université des finances.Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit dans son intégralité en français.