Monique Gimenez : des Balkans, de l’UE et de la nouvelle menace fasciste

C’est très triste de voir ce qu’est devenue l’ex Yougoslavie depuis la mort de Tito, qui avait contribué, tant qu’il était au pouvoir, à maintenir l’unité du pays.

S’il pouvait voir ce qu’était devenu son pays, il se demanderait si tous les sacrifices qui avaient été consentis pour lutter contre le nazisme et libérer en partie le pays à la tête de ses partisans avant l’arrivée de l’Armée Rouge, auraient été consentis en vain.

Ce pays a commencé à se disloquer à sa mort et, ce qui a mis le feu aux poudres. C’est lorsque la Croatie, patrie de Tito, a montré des velléités d’indépendance reconnue par l’Allemagne et le Vatican qui a été la conséquence du 1er conflit dans les Balkans. La dislocation de la Yougoslavie est le fruit d’un travail de sape des USA pour que ces républiques prennent leur indépendance, et placer à leurs têtes des hommes-liges qui contribueraient à défendre les intérêts des USA, et qui seraient dirigés contre la Russie. Ces républiques ne présentaient aucun intérêt pour les USA, sinon un intérêt géopolitique par rapport à la Russie.

Le 2eme conflit des Balkans a été le cadre d’un odieux marché qui mettait de fait la Serbie sous occupation occidentale avec tout ce que ça comportait, et pour lequel Milosevic avait refusé de signer les accords de Rambouillet, ce qui avait été le déclencheur de ce conflit, et qui avait donné lieu à une campagne de bombardements sur la Serbie par l’Otan en tout illégalité, et qui avait débouché sur le démembrement de la Serbie suite à un référendum organisé avec le soutien des occidentaux visant à accorder l’autonomie au Kosovo.

Depuis un certain temps, des tensions entre kosovars et serbes s’exacerbent et font courir le risque d’un regain de tensions dont la moindre petite étincelle pourrait de nouveau déclencher un conflit dans les Balkans.

Maintenant vient se greffer, suite à l’accord entre la Macédoine et la Grèce sur le changement de nom, le référendum organisé en Macédoine qui n’a pas permis d’atteindre le quorum de la participation, ce qui aurait dû invalider le résultat donnant le oui gagnant. Mais comme dans toute bonne démocratie qui se respecte, la volonté du peuple est complètement bafouée, nous en avons eu un aperçu en France lors du référendum de 2005 sur le projet de traité de constitution européenne qui avait été rejeté à 55 % et, Sarkozy l’avait fait revoter à l’Assemblée Nationale faisant fi du résultat du suffrage universel. Un référendum présente un intérêt dans la mesure où on respecte le résultat du suffrage universel, sans y revenir dessus en cas de vote négatif, c’est ça la démocratie. Lorsque Sarkozy avait fait réintégrer la France dans le commandement de l’Otan, nous n’avons pas été consultés alors que nous aurions dû l’être car ça conditionnait notre soumission aux USA, et donc la perte de notre indépendance.

Les Balkans sont une véritable poudrière, les occidentaux font tout pour envenimer les relations entre serbes et kosovars en permettant au Kosovo de créer une armée ce qui contrevient à la résolution 1244 de l’ONU qui interdit la création d’une armée au Kosovo. L’Otan s’est sentie obligée de protester contre cette décision, craignant une déstabilisation, mais les USA se sont réjouis de cette création de l’armée kosovare.

Ces pays qui font partie de l’UE et de l’Otan en dehors de la Serbie, que deviendront-ils si l’UE implose ? Auront-ils encore les moyens de rester dans l’Otan ? J’en doute, car si l’UE cesse d’exister, il n’y a plus d’aides et sans elles, ces pays ne sont plus rien, et ne pourront plus participer au financement du budget de l’Otan à hauteur de 2 % du PIB et voire plus exigé par Trump.
Les prochaines élections européennes qui se dérouleront en Mai 2019 revêtiront un enjeu très important du fait de la montée très persistante des partis populistes, ce qui pourrait conditionner un tournant dans la politique de l’UE.

Tôt ou tard, des changements interviendront en Europe, mais de quel ordre, la suite nous le dira, en espérant que nous ne soyons pas confrontés au fascisme, c’est à craindre.

Monique Gimenez, spécialement pour le Front de l’information