Un vent de polémique suite au élections présidentielle au Congo

La victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle en RDC a suscité un vent de polémique. Pendant que l’opposant Martin Fayulu revendique sa victoire, la France met en doute les résultats. Une «ingérence française» qui suscite des réactions sur le continent. Le Docteur Richard Makon, politologue camerounais, analyse la situation.

Après que Félix Tshisekedi a été proclamé vainqueur de la présidentielle du 30 décembre en République démocratique du Congo, l’opposant Martin Fayulu, qui revendique la victoire avec 61 % des suffrages, a contesté les résultats et a saisi la Cour constitutionnelle afin d’exiger le «recomptage des voix». De son côté, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a fait savoir que les résultats annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ne correspondaient pas à leur décompte qui attribue la victoire à Martin Fayulu. Juste après l’annonce des résultats provisoires, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré que les résultats annoncés de la présidentielle au Congo ne semblaient «pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là».

L’intervention de la France, qui a appelé à plus de détails dans les résultats de l’élection présidentielle, a suscité des réactions en République démocratique du Congo. Pour le porte-parole du candidat du pouvoir, Lambert Mende, c’est un cas type d’interférence que le Congo ne saurait tolérer. Il invoque ainsi le principe de la souveraineté du peuple. Une «ingérence française» qui suscite de vives réactions sur le continent. Le Docteur Richard Makon, analyste politique camerounais, spécialiste du droit international des investissements, consultant en gouvernance, démocratie et leadership, chercheur en sciences sociales, analyse le climat postélectoral en RDC et les enjeux de cette élection pour la France.Quelle lecture faites-vous de la situation politique en République démocratique du Congo?

La crise postélectorale en République démocratique du Congo (RDC) s’inscrit comme une banalité dans le contexte africain actuel, marqué par une crise de légitimité de nombreux gouvernements et par la survivance de régimes autoritaires. En effet, depuis les années 60, période marquée par les premières vagues d’indépendances en Afrique, le continent n’a jamais réussi à constituer un hémisphère démocratique malgré le vent de démocratisation et des libertés qui a soufflé sur le continent de la fin des années 80 au milieu des années 90. Si le processus de démocratisation du continent peut aujourd’hui sembler contrasté, avec quelques dynamiques d’ouvertures intéressantes en Afrique de l’Ouest et du Sud, et des régimes plus fermés en Afrique Centrale et du Nord, l’autoritarisme semble d’une manière générale constituer l’ADN des systèmes politiques africains.

Dans cette dynamique, l’histoire politique et le processus de décolonisation propres à chaque pays constituent des déterminants essentiels dans toute tentative de compréhension de leurs situations particulières. C’est le cas de la RDC, dont la situation politique actuelle prend racines dans son histoire politique mouvementée, ses tentatives d’émancipation du joug colonial et de l’étreinte néocoloniale, le jeu trouble de ses élites partagées entre un nationalisme de pacotille et une extraversion clientéliste, les luttes d’influence des puissances étrangères (Belgique, France, États-Unis) et des états voisins (RCA, Rwanda, Burundi, Congo, Ouganda, Angola, etc.) auquel il convient d’ajouter l’Afrique du Sud, tous protagonistes primaires ou secondaires de toutes les crises politiques qu’a connu la RDC depuis sa pseudo indépendance, pour ne pas remonter encore plus avant.

Dans cet ordre d’idées, la crise postélectorale actuelle, longtemps annoncée, ne constitue qu’un épisode de plus dans les luttes d’influence entre puissances étrangères qui remonte à plus d’un siècle, et d’une guerre fratricide entre héritiers (fils naturels, adoptifs et putatifs) des acteurs politiques congolais des indépendances à nos jours: Joseph Kabila, fils de Laurent-Désiré Kabila, Président de la République après le Maréchal Mobutu; Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, fils d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, ancien Premier Ministre de Mobutu; Martin Fayulu, député national depuis 2011; Emmanuel Ramazani Shadary, vice-gouverneur en 1997 et gouverneur en 1998 sous le régime de Laurent-Désiré Kabila, reconduit gouverneur par Joseph Kabila avant de devenir, le 19 décembre 2016, vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité; Moïse Katumbi Chapwe, gouverneur de la province du Katanga de février 2007 au 29 septembre 2015 et ancien grand ami de Joseph Kabila; Jean-Pierre Bemba Gombo, ancien vice-Président de la RDC, fils de l’homme d’affaires Jeannot Bemba Saolona, ancien président de l’Association s des entreprises du Zaïre (ANEZA) qui deviendra avec l’aide de Mobutu l’un des hommes les plus riches du Zaïre, contrôlant l’énorme conglomérat de la Société commerciale et industrielle Bemba (SCIBE); Vital Kamerhe Lwa Kanyuginyi Nkingi, un baron de la province du Sud-Kivu, ancien Président de l’Assemblée nationale de la RDC.Comment avez-vous perçu la victoire de Félix Tshisekedi?

Il ne fait aucun doute que la victoire de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est une surprise pour tout observateur de la scène politique congolaise. En effet, malgré le désistement sous la pression de leurs bases respectives, de Félix Tshisekedi et de Vital Kamerhe, de la coalition de l’opposition congolaise (dénommée «Lamuka», «Réveille-toi» en lingala) conclue le 11 novembre 2018 à Genève, le duo Tshisekedi-Kamerhe n’était pas en capacité de gagner cette élection présidentielle face au trio Fayulu-Katumbi-Bemba. Il n’est pas inutile de rappeler qu’avant d’être mis hors course pour cette présidentielle par le régime Kabila, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba ont été donné tour à tour gagnant de l’élection présidentielle en RDC, quel que soit l’adversaire présenté par le régime en place et que c’est justement leur popularité qui aura été la raison de leur éviction du jeu électoral actuel. La victoire de Félix Tshisekedi est donc une véritable surprise, pour lui-même d’ailleurs.Certains évoquent une entente entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Un accord a-t-il permis d’obtenir ce scénario?

Il est évident qu’un ensemble de données fondamentales de cette élection a contraint le Président sortant Joseph Kabila à revoir sa stratégie de départ qui était de toute évidence de s’assurer de la continuité du contrôle du pouvoir d’État en imposant comme successeur un homme de main. La première de ces données est le constat fait par Joseph Kabila, vers la fin de la campagne électorale, de la faiblesse affligeante de son candidat, Emmanuel Ramazani Shadary, qui sera trop resté embrigadé par la figure tutélaire de son bienfaiteur-protecteur et sans jamais réussir à rassurer les Congolais. La deuxième donnée a été la volonté ferme et déterminée des Congolais de changer d’ordre gouvernant, d’une part en portant à la présidence de la République un candidat issu de l’opposition, d’autre part en contrôlant leurs votes jusqu’au bout du processus électoral. La troisième donnée fondamentale est la pression sans cesse accrue de la communauté internationale, pour un processus électoral crédible, malgré le refus du régime Kabila d’admettre l’office des observateurs occidentaux. La quatrième est l’impératif essentiel pour le clan Kabila, premièrement d’échapper à d’éventuelles procédures judiciaires engagées par un nouveau pouvoir, deuxièmement d’assurer la protection de ses importants intérêts économiques, politiques et stratégiques qu’un changement non maitrisé de régime peut hypothéquer.

Pour toutes ces raisons, Joseph Kabila s’est trouvé contraint d’opérer un choix de survie, abandonner l’option initiale d’imposer Emmanuel Ramazani Shadary comme successeur pour donner la victoire à l’opposition la moins dangereuse pour ses intérêts et sa propre survie. Dans ce calcul politicien, Félix Tshisekedi ne pouvait que tirer le gros lot. Président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le premier parti politique d’opposition en RDC fondé le 15 février 1982 par Étienne Tshisekedi, Marcel Lihau et quelques autres, membre de l’Alliance progressiste et membre observateur de l’Internationale socialiste, Félix Tshisekedi représente en réalité une opposition institutionnelle, davantage habituée aux calculs mesquins et aux compromis politiques, sinon aux compromissions. Ce puissant appareil politique a permis à Félix Tshisekedi, au demeurant ancien député au Parlement, à entretenir des liens étroits avec le régime Kabila dont il peut plus facilement défendre les intérêts vitaux.Pourquoi la France est-elle montée au créneau pour contester la victoire de Félix Tshisekedi? Y avait-il un candidat de la France?

L’Afrique centrale constitue aujourd’hui, plus que par le passé, un important enjeu pour la politique étrangère de la France qui est manifestement en perte d’influence dans cette partie du continent. Le regain d’intérêt des États-Unis pour cette sous-région et l’incursion de la Russie et de la Chine, dont l’influence est sans cesse grandissante, sont mal vécus par la France qui s’emploie autant que faire se peut à reprendre la main dans ce jeu d’influence. Et quoi de plus important pour la défense de ses intérêts politiques et économiques, et la conquête de nouvelles parts de marché pour les firmes françaises, que de contrôler les élites dirigeantes des états africains, toujours considérés comme des colonies de l’occident. Dans cette dynamique, Emmanuel Macron n’a fait qu’hériter de la «politique congolaise de la France» de ses illustres devanciers, en l’occurrence François Hollande, dont Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et ministre de la Défense sous tout le quinquennat Hollande, est le meilleur exécutant.

Toutefois, s’il peut sembler difficile d’affirmer que tel ou tel autre candidat est le candidat de la France, on peut a contrario identifier aisément celui des candidats qui n’est pas soutenu par la France. Il s’agit du candidat du régime, Emmanuel Ramazani Shadary. Les deux principaux candidats de l’opposition et leurs alliés entretiennent d’importantes relations avec la France officielle ou par l’entremise d’hommes d’affaires et d’entreprises françaises. C’est le cas de Moïse Katumbi qui a prospéré dans la pêche et l’exploitation minière et dont l’entreprise la plus importante, Mining Company Katanga (MCK), créée en 1997, spécialisée dans l’exploitation du cuivre et du cobalt, est vendue en novembre 2015 à la société française Necotrans.Quels sont les enjeux de cette élection pour la France?

Les enjeux de cette élection présidentielle pour la France sont de plusieurs ordres, entre autres politiques, économiques, stratégiques et culturels.

Du point de vue politique, la France a toujours considéré la RDC comme une extension de son pré-carré, même lorsque ce dernier s’appelait encore le Congo-belge. La perte d’influence progressive du Royaume de Belgique au Congo s’est accompagnée de l’accroissement de celle de la France qui a toujours su user de sa magistrature d’influence, de manière directe ou indirecte, par exemple par l’entremise de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), pour exercer des pressions sur le régime congolais et tenter d’influencer le choix de ses dirigeants. C’est la raison pour laquelle son ministre des Affaires étrangères peut critiquer avec véhémence l’immixtion américaine dans les affaires intérieures de la France au sujet des revendications des «Gilets jaunes» et s’autoriser au même moment la liberté de s’ingérer dans les affaires intérieures du Congo en sanctionnant son processus électoral.

Du point de vue économique, la RDC est un véritable scandale minier que toutes les grandes puissances du monde se disputent. Les entreprises françaises se battent pour le contrôle d’importantes parts de marché dans l’exploitation du cuivre, du cobalt, du diamant, de l’or, de l’aluminium ou de l’uranium. En dehors du secteur minier, de nombreuses entreprises françaises opèrent dans le secteur des services avec d’importants investissements dans les télécommunications, la distribution, l’hôtellerie, l’électricité ou le transport.Du point de vue stratégique, la RDC est le cœur de l’Afrique centrale et celui qui la contrôle a de facto une capacité de projection et d’influence importante dans toutes les autres sous-régions du continent. Et dans un contexte de perte d’influence de la France dans cette partie de l’Afrique et la concurrence des États-Unis, de la Russie et de la Chine, Paris a tout intérêt à ce que l’exemple d’émancipation du Rwanda ne devienne contagieux.

Cette perspective stratégique doit évidemment être mise en lien avec la dimension culturelle, car la RDC est le pays francophone le plus peuplé au monde. Sa situation actuelle et son devenir ne peuvent que constituer, pour de bonnes raisons ou des raisons plus contestables, des préoccupations majeures pour la France.

Qu’en est-il de la position des autres grandes puissances? Notamment des États-Unis d’Amérique?

La communauté internationale scrute avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation en RDC. La preuve: les réunions à huit-clos du Conseil de Sécurité sur la question à la demande de la France et de l’Union européenne. L’intérêt des grandes puissances, davantage celles ayant des intérêts en RDC, directement ou par l’entremise de leurs firmes, est évidement plus marqué. Parmi celles-ci, les États-Unis d’Amérique figurent en bonne place. Les intérêts américains en RDC sont importants et de divers ordres, les firmes américaines qui y officient sont très nombreuses. L’interventionnisme américain en RDC est presque une tradition et le déploiement des agences américaines de renseignement dans le pays est un secret de polichinelle.

Toutefois, même si contrairement à son habitude le Président américain est resté peu disert sur le sujet, davantage préoccupé par l’opposition des démocrates à propos du financement de son projet de construction du mur de séparation avec le Mexique, Donald Trump a fait positionner 80 militaires au Gabon, prêts à intervenir en RDC pour protéger les intérêts américains en cas de survenance de troubles après l’annonce du résultat de la présidentielle.Pour qui roulent l’Église et la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO)?

Il ne fait aucun doute que la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) roule pour l’opposition et davantage pour le camp Fayulu, dont l’un des ténors, Moïse Katumbi, n’a jamais caché ses excellents rapports avec l’épiscopat congolais. En effet, le régime Kabila n’est pas en odeur de sainteté avec la CENCO depuis plusieurs années déjà. Mais la situation s’est aggravée avec le refus de Joseph Kabila de quitter le pouvoir malgré la fin officielle de son mandat. La répression dans le sang par les forces de l’ordre d’une manifestation organisée le 31 décembre 2017 à Kinshasa et Kananga par les catholiques du comité laïc de coordination, dans le but de protester contre le maintien au pouvoir du Président Joseph Kabila et pour exiger l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre signé en fin 2016 entre le chef de l’État et l’opposition, stipulant que des élections présidentielle et législatives devaient avoir lieu avant fin 2017, sera un tournant décisif dans cette opposition de l’épiscopat congolais.

L’existence d’une importante différence entre les scores affectés par la commission électorale aux candidats et ceux issus des observateurs de la CENCO, fonde les réclamations actuelles de Martin Fayulu auprès de la Cour constitutionnelle et participe à l’aggravation du climat de méfiance entre la CENCO et le pouvoir en place.À quoi pourrait-on s’attendre dans ce vent de contestation?

Les jours à venir sont très incertains en RDC. Toutefois, au vu du cours des évènements, Joseph Kabila semble durablement positionné comme le faiseur de roi.

En effet, le changement de stratégie de Joseph Kabila, consistant à positionner Félix Tshisekedi comme successeur, a satisfait de moitié seulement les attentes tant du peuple congolais et de la CENCO que des partenaires étrangers qui militaient quasiment tous pour une victoire de l’opposition. Ne pouvant opérer un passage en force en imposant son candidat, Joseph Kabila a cédé la victoire à l’opposition qu’il a lui-même choisie. Ce faisant, il a aussi mis la communauté internationale face à un véritable dilemme: soit accepter cette «vraie fausse transition politique» (la première de l’histoire de la RDC par voie électorale) en évitant une violente déflagration à même de déstructurer l’ordre institutionnel congolais difficilement stabilisé et de déstabiliser toute la sous-région Afrique Centrale en fragile accalmie, soit s’opposer à la victoire de Félix Tshisekedi et permettre par là-même occasion à Joseph Kabila de rester au pouvoir pour assurer la continuité des institutions et préparer un nouveau cycle électoral dans le contexte d’incertitudes et de violences qu’une telle décision occasionnera inéluctablement.

Quelle issue possible en RDC?

Tous les acteurs de cette crise congolaise postélectorale sont contraints de mettre de l’eau dans leur vin. Joseph Kabila reste le seul maître du jeu dont il détient les principales cartes. Il est renforcé dans sa stratégie par la victoire écrasante de sa coalition aux élections législatives qui semble lui garantir une majorité des sièges au Parlement. Cette position politique majeure obligera tout président de la République issu de l’opposition à un partage de pouvoir avec Joseph Kabila et ses partisans qui pourront constituer une majorité de blocage, constituant un obstacle de taille pour l’exercice du pouvoir central et la conduite des politiques publiques du nouveau président. Pour rappel, le Premier ministre, en vertu de la charte constitutionnelle du Congo, est obligatoirement issu des rangs du parti majoritaire à l’Assemblée nationale.

Sur le plan juridictionnel singulièrement, on peut d’ailleurs anticiper la décision de la Cour constitutionnelle relative à la requête de Martin Fayulu qui sera jugée sinon irrecevable, du moins comme ne disposant pas de suffisamment de preuves d’irrégularités à même de justifier l’annulation du scrutin ou d’assez d’éléments matériels à même d’attester de sa victoire. Les chiffres de la CENCO ne pouvant s’imposer à la Commission électorale, la victoire de Félix Tshisekedi semble dès lors, et de toute évidence, inévitable. Elle sera vraisemblablement confirmée par la Cour constitutionnelle. Pour la suite des évènements, on sait déjà que cette décision de la Cour constitutionnelle sera suivie de quelques violences localisées dans les bastions de Fayulu, Katumbi et Bemba, lesquelles s’affaibliront au fur et à mesure que l’on s’approchera de la prestation de serment du nouveau président.Dans les jours prochains des négociations vont rapidement s’engager avec Joseph Kabila, si ce n’est pas déjà le cas, pour d’une part rendre la pilule moins amère pour le camp Fayulu et la CENCO, d’autre part garantir la protection, sinon le renforcement, des intérêts des puissances étrangères qui observent actuellement pour la plupart un mutisme de prudence. Dans ce jeu d’intérêts complexes, le seul vrai perdant reste le peuple congolais, privé depuis plusieurs décennies de la liberté de choisir ses dirigeants et de décider de son avenir.