Le ministre italien de l’Intérieur appelle Macron à renvoyer à Rome les radicaux italiens

Le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini, connu pour sa position anti-migration, a appelé le Président Macron à renvoyer à Rome les radicaux italiens qui se cacheraient en France depuis des décennies.

Le Président Macron devrait renvoyer en Italie les dizaines de guérilleros en cavale au lieu de leur permettre de «boire du champagne» sur le sol français, a déclaré mardi le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini.

Intervenant mardi à la chaîne de télévision italienne Canale 5, le ministre a indiqué:

«J’appelle les autorités françaises, le gouvernement et le Président français à restituer à l’Italie et à la justice italienne ceux qui ont tué des innocents pour qu’ils ne boivent pas de champagne sous la tour Eiffel mais soient en prison comme ça doit se passer».

​Une cinquantaine de militants italiens se seraient réfugiés en France pour éviter des condamnations pour meurtres et attentats à la bombe, d’après les calculs du Centre italien de recherche sécurité et terrorisme (CRST).

Le ministre a émis ces propos suite l’extradition de Cesare Battisti, qui a été capturé le 12 janvier en Bolivie et transféré à Rome le 14 janvier après 38 ans en cavale.Cesare Battisti, un ancien activiste des PAC, les Prolétaires armés pour le communisme, recherché par les autorités italiennes pour quatre meurtres commis à la fin des années 1970, a été arrêté à Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie, le week-end dernier, et devrait maintenant purger une peine à perpétuité en Italie.

Battisti a passé près de 20 ans au Mexique et en France, où il était protégé par la doctrine Mitterrand de 1985, une politique établie par François Mitterrand et offrant l’asile aux anciens guérilleros italiens à condition qu’ils renoncent aux activités terroristes.

En 2004, Battisti s’est installé au Brésil, où il a vécu pendant trois ans avant d’être arrêté à Rio de Janeiro en 2007. Quatre ans plus tard, le Président sortant brésilien Luis Inacio Lula da Silva a refusé par décret d’extrader Cesare Battisti vers l’Italie. Mais le nouveau chef d’État Jair Bolsonaro a promis, peu après son élection, d’extrader le militant. Un tribunal brésilien a ordonné son arrestation en décembre et il a finalement été retrouvé en Bolivie.

Ce n’est pas la première fois que M.Salvini s’engage dans une guerre de mots contre M.Macron. Il a récemment décrit le Président français comme un «problème pour les Français», faisant référence à la mobilisation des Gilets jaunes qui agite la France depuis novembre.Le fossé entre la France et l’Italie s’est creusé durant l’été après que Rome a refusé d’accueillir des centaines de migrants sans papiers sauvés en mer. Le Président Macron a accusé le gouvernement italien de réagir d’une manière irresponsable et cynique à la crise du bateau Aquarius.

Rome, à son tour, s’en est pris à Paris pour avoir forcé les migrants arrivés en France à rentrer en Italie, pays qui a été le premier point de débarquement des réfugiés arrivant par mer.