Les « Brits » d’Espagne gardent l’espoir que le Brexit n’ait pas lieu

« Peut-être que ça n’arrivera pas ». Après le rejet par le parlement britannique de l’accord sur le retrait du Royaume-Uni de l’UE, Lyle Starritt ose espérer que le Brexit n’aura pas lieu. Un sentiment partagé par d’autres Britanniques en Espagne.

Dans son agence immobilière à Javea (sud-est), à deux pas d’une longue plage bordée de palmiers, il se souvient de « la sensation de morosité » qui avait saisi les expatriés britanniques après le référendum de 2016.

Mais depuis le vote de mardi soir, « il existe un sentiment d’optimisme mesuré, l’idée que nous allons pouvoir nous en sortir », explique cet homme de 58 ans, pour qui il est désormais « fort possible » que le Brexit « ne se produise pas ».

Eviter « un exode massif »

Le rejet de l’accord négocié par Theresa May n’a pas renforcé les craintes des retraités et travailleurs britanniques interrogés par l’AFPsur la côte ensoleillée et orientale de l’Espagne. Au contraire, beaucoup estiment que cela pourrait ouvrir la voie à un deuxième référendum.

Et même si le scénario catastrophe d’une sortie sans accord devait se produire, ils se disent rassurés par la promesse de Madrid de garantir leurs droits si Londres fait de même pour les Espagnols installés au Royaume-Uni.

« Ce n’est pas un problème pour moi parce que je n’ai jamais cru (…) qu’une sortie sans accord était possible », dit Sue Wilson, présidente du groupe Bremain en Espagne, qui milite contre le Brexit.

Ecossais vivant à Javea, où les Britanniques représentent environ 30 % des 27.000 habitants, George Thomas rappelle lui que le président de la région de Valence, à laquelle appartient la ville, « a assuré (…) que les soins de santé publics continueraient et que rien ne changerait ».

« Il serait désastreux que des conditions imposées conduisent à un exode massif » des Britanniques, juge ce retraité de 77 ans, dirigeant la branche locale du parti socialiste espagnol.

« Il y en a tant qui vivent ici, dépensent leur retraite et dirigent des entreprises », insiste-t-il, à quelques pas du bar de la plage Chabada où sont attablés des clients âgés surtout anglophones.

Il reconnaît néanmoins avoir demandé un passeport espagnol. Au cas où.

Moins inquiet qu’avant

Starritt, qui vient d’Irlande du Nord, a lui sollicité un passeport irlandais. En Espagne depuis 20 ans, il dirige, outre son agence immobilière, une société de maintenance immobilière à Javea.

Il y a dix ans, environ 80 % de ses clients venaient du Royaume-Uni, mais l’an dernier, il n’a vendu que deux propriétés à des Britanniques achetant en livres sterling, dit-il.

« Nous allons probablement souffrir de ce ralentissement, par rapport aux acheteurs britanniques, pendant une longue période » si le Brexit se produit, dit-il. Mais s’il « ne se produit pas, il y aura une recrudescence », espère-t-il.

Officiellement, un peu moins de 241.000 Britanniques sont enregistrés comme résidents en Espagne. Mais beaucoup ne se donnent pas la peine de le faire et on estime leur nombre à 800.000.

Parmi les jeunes Britanniques qui travaillent, « la grande préoccupation, c’est la liberté de circulation » dans l’UE, dit Sue Wilson. « Si tu vis en Espagne, tu n’auras plus cette liberté d’aller vivre ou travailler en France ou en Allemagne ».

Les retraités s’inquiètent eux plutôt pour leurs pensions et l’accès à la santé publique.

A une cinquantaine de kilomètres au sud de Javea, dans la station balnéaire de Benidorm, les publicités en anglais pour des scooters pour personnes âgées abondent.

Après une partie de golf, Steve Young, retraité britannique de 66 ans installé dans la région depuis 2015, s’est arrêté au Kazal’s Bar.

« Je me sens un peu nerveux mais pas aussi inquiet que je l’étais » avant le vote de mardi, dit-il. « Le gouvernement espagnol semble penser que le peuple britannique en Espagne a quelque chose à offrir ».

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