France : prison ferme pour 2 sœurs dont la famille est partie en Syrie

Deux soeurs qui ont vu une vingtaine de leurs proches rejoindre les rangs djihadistes en Syrie ont été condamnées aujourd’hui à Paris à deux et trois ans de prison ferme, notamment pour leur avoir envoyé des milliers d’euros depuis la France.

Le tribunal correctionnel a condamné Anissa, une Française de 31 ans, à cinq ans d’emprisonnement dont deux avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve comprenant une série d’obligations. Ayant déjà passé un an en détention provisoire, elle pourra purger les deux ans ferme restants sous la forme d’un bracelet électronique. Sa soeur Assia, 36 ans, de nationalité algérienne, purgera elle aussi sa peine de quatre ans dont deux avec sursis et mise à l’épreuve en portant un bracelet électronique pendant deux ans. Le parquet avait requis cinq ans pour Assia, sept pour Anissa, le tout assorti de périodes de sûreté, et surtout l’incarcération immédiate des deux soeurs, qui comparaissaient libres sous contrôle judiciaire.

Originaires de Roubaix (nord de la France), Anissa et Assia T. sont les seules de leur fratrie de neuf enfants à ne pas avoir rejoint l’organisation État islamique (EI). Dans le sillage d’un frère décrit comme charismatique et dominateur, leurs six soeurs ont gagné la Syrie en 2014 avec compagnons et enfants. Leurs deux parents également. Au total, 23 membres de la famille sont partis. Anissa et Assia, qui leur ont envoyé au moins 15.000 euros, étaient notamment jugées pour financement du terrorisme. La procureure avait pointé « la désinvolture et le positionnement victimaire des intéressées », qui « n’ont pas endossé la gravité de leurs agissements ».

Pour la représentante de l’accusation, les soeurs ont envoyé cet argent en connaissant parfaitement les « activités terroristes » de certains de leurs proches. Les soeurs étaient également jugées pour association de malfaiteurs à visée terroriste, pour avoir notamment « partagé une grande partie de l’idéologie » de l’EI, ce qu’elles nient farouchement. Anissa a aussi été condamnée pour avoir aidé à dissimuler des armes que son frère destinait à une « action violente » et pour avoir aidé une jeune fille souhaitant partir en Syrie.

Les deux soeurs ont assuré avoir envoyé l’argent pour aider leurs proches dans « le besoin », particulièrement pour des frais médicaux. Leurs avocats ont insisté sur leur absence d' »intention » de financer l’EI et souligné l’importance du contexte familial. Et devant les lourdes réquisitions de l’accusation, l’un des avocats d’Anissa, Joseph Hazan, a déploré que le parquet soit « parfois aveuglé par la légitimité du combat qu’il mène ».