Le président français Emmanuel Macron s’est de nouveau opposé jeudi à la décision américaine de se retirer de la Syrie, affirmant que les troupes françaises resteraient engagées au Moyen-Orient en 2019.
Le président français a annoncé que le groupe terroriste Daech n’était pas encore complètement vaincu en Syrie et que les troupes françaises resteraient dans le nord du pays.
Le président a prononcé jeudi 17 janvier un discours devant 1 600 civils et militaires réunis sur une base de l’armée de terre de Francazal, à Toulouse. « Le retrait annoncé de Syrie de notre allié américain ne doit pas nous faire dévier de notre objectif stratégique: éradiquer Daech en privant ce groupe terroriste de toute empreinte territoriale et en empêchant sa résurgence », a-t-il insisté.
La France a déployé 1 200 forces militaires en Syrie et en Irak, dans le cadre de la coalition anti-Daech formée en 2014 et conduite par les États-Unis.
« La bataille n’est pas finie », a déclaré Macron en réaction aux spéculations sur la possibilité d’un retrait français de la Syrie. « Nous devons examiner l’état de notre déploiement militaire dans le monde, mais (…) nous devons rester déterminés à contribuer au rétablissement de la stabilité [au Moyen-Orient] », a-t-il proféré.
Macron a regretté la décision prise à la hâte le 19 décembre dernier par l’administration Trump, la qualifiant d’erreur.
« Daech est entièrement vaincu en Syrie », avait déclaré le président américain ajoutant que les voisins de la Syrie devaient désormais poursuivre la lutte contre les résidus de Daech.
Les alliés occidentaux des États-Unis ont accueilli cette décision avec scepticisme. La France a fait partie des premiers pays à l’avoir critiquée.
« Quelque 1 100 soldats français ont servi au Moyen-Orient », a affirmé le chef d’état-major français des armées, confirmant qu’environ 200 soldats français s’étaient associés aux Kurdes dans le nord de la Syrie. Cet aveu intervient alors que la France tenait jusqu’ici, à maintenir en secret sa présence militaire en Syrie. Paris a même constamment nié les informations selon lesquelles les forces françaises seraient tombées à plusieurs reprises dans le filet des soldats syriens.
Depuis que la France s’est impliquée militairement en Syrie, envoyant sur ordre US, des troupes dans le nord-est et l’est de ce pays, des militaires français se sont fait arrêter par les forces syriennes. La première annonce de leur capture date de la fin de l’année 2012. Et pourtant, ni les sources syriennes ni les sources françaises n’ont abordé le sujet explicitement. De plus, Damas n’a jamais diffusé d’images de captifs français emprisonnés sur son territoire.
En France, un black-out total est maintenu sur le sujet, les médias ne l’évoquant jamais et le plaçant sous l’étiquette « secret défense ». Le pouvoir n’ose pas informer l’opinion publique du « sort des prisonniers de guerre », arrêtés dans le cadre d’une guerre menée à l’insu même des Français.
Cependant, il aura fallu le travail effectué par des journalistes syriens, qui sont parvenus à retrouver la trace de près de 300 militaires français retenus par le renseignement syrien.
La France maintient donc sa présence militaire en Syrie sans le feu vert de l’État syrien et se comporte comme une puissance d’occupation. En septembre dernier, elle a participé, aux côtés de la Grande-Bretagne et d’Israël, à des frappes contre des cibles russes à Lattaquié, offensive qui s’est soldée par la destruction en plein vol d’un Il-20, bien que Paris ait refusé de le revendiquer.
Les États-Unis et leurs alliés bombardent depuis septembre 2014 ce qu’ils appellent les positions de Daech à l’intérieur de la Syrie sans autorisation du gouvernement de Damas ni mandat de l’ONU.
Il est à noter que cinq membres de l’armée américaine ont été tués dans une explosion survenue, mercredi 16 janvier, à Manbij, en Syrie.