La Cour constitutionnelle de la RDC a confirmé les résultats provisoires de la présidentielle du 30 décembre, en proclamant Félix Tshisekedi vainqueur. Ce verdict intervient moins de 48 heures avant la visite, très attendue, d’une délégation de chefs d’Etat de l’UA, qui avaient critiqué les résultats provisoires.
La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo (RDC) a confirmé, dans la nuit de samedi à dimanche 20 janvier, la victoire de l’opposant Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle du 30 décembre dernier.
La plus haute juridiction congolaise a statué sur un recours présenté par un autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu, qui revendiquait une large victoire et demandait un recomptage des voix.Quoique la requête du candidat de la coalition Lamuka ait été jugée recevable, elle n’en demeure pas moins «non-fondée, faute de preuves», a jugé la Cour lors de son audience nocturne.
Le verdict de la Cour constitutionnelle intervient moins de 48 heures avant la visite, très attendue, d’une délégation de haut niveau de chefs d’Etat de l’Union africaine. L’organisation panafricaine, avait appelé, le 17 janvier, à «la suspension de la proclamation des résultats définitifs» de l’élection présidentielle en RDC, en arguant «de doutes sérieux sur la conformité des résultats provisoires».
Cette recommandation avait été émise à la suite d’une réunion de haut niveau convoquée par l’actuel président de l’Union africaine, le chef d’Etat rwandais Paul Kagame, dont les relations avec l’actuel pouvoir congolais sont connues pour être compliquées.
Outre l’Union africaine, deux organisations sous-régionales africaines, la SADC et la CIRGL, avaient également remis en doute la crédibilité des résultats provisoires, proclamés le 10 janvier.Ceux-ci donnaient M. Tshisekedi en tête avec 38,5%, talonné par M. Fayulu, (34,8%), alors que le candidat de l’alliance présidentielle, M. Emmanuel Ramazani Shadary, n’obtenait que 23% des voix.
A la tête d’un parti d’opposition historique, l’UDPS, M. Tshisekedi avait pourtant été considéré, par les observateurs de la vie politique congolaise, comme un outsider. Son rival, Martin Fayulu bénéficiait du soutien de ténors de l’opposition, notamment Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba. Par ailleurs, de nombreux indices prêtaient au pouvoir de Joseph Kabila l’intention de favoriser son dauphin putatif, M. Shadary.
Toutefois, les élections législatives, également organisées le 30 décembre et remportées par la coalition présidentielle sortante, placent d’emblée, M. Thisekedi, dans une situation de cohabitation et alimentent les rumeurs sur un « pacte » conclu avec M. Kabila, au pouvoir depuis 2001.Il s’agit, néanmoins, de la première transmission pacifique du pouvoir, depuis l’indépendance de ce pays en 1960. Particulièrement riche en minerais, la RDC est en proie à de nombreux foyers de tension dont l’exacerbation remonte à la deuxième moitié des années 1990.
Le pays a été fortement déstabilisé par les conséquences du génocide des Tutsis, au Rwanda voisin, en 1994. Entre 1996 et 2003, la RDC s’est trouvée au cœur de deux grandes guerres régionales qui ont fait des millions de morts parmi la population congolaise.
Aujourd’hui, plusieurs dizaines de milices, aux revendications floues, continuent d’être présentes sur son territoire, le plus grand de l’Afrique subsaharienne.