Gulbuddin Hekmetyar est désormais candidat officiel aux présidentielles afghanes

L’homme politique et chef militaire Afghan Gulbuddin Hekmetyar, seigneur de guerre est désormais candidat officiel aux présidentielles afghanes prévues en juillet 2019.

Le personnage jouit d’une popularité forte aussi bien à l’intérieur de l’Afghanistan où il a allié ses forces à celles des Talibans dans leur très longue lutte contre la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité (ISAF), l’OTAN, les sociétés militaires privées occidentales et l’Armée Nationale Afghane qu’au Pakistan voisin.

Il était de ce fait considéré comme terroriste jusqu’en 2016 par Washington et l’ensemble de ses alliés OTAN et hors-OTAN.

Leader du parti Hesb-i-Islami et ancien bénéficiaire de l’aide de la CIA américaine et de l’ISI pakistanaise aux Mudjahidines Afghans en lutte contre les troupes soviétiques et afghanes dans les années 80, l’ambitieux Hekmetyar fut à deux reprises Premier ministre et prit une part active à la guerre civile afghane après le retrait soviétique. Il fut parmi les premiers chefs de guerre à pilonner la capitale Kaboul pour y déloger son rival, le Commandant Massoud, alias le lion du Panshir, quand il était Premier ministre, détruisant ainsi près du tiers de la ville et causant la mort de dizaines de milliers de personnes.

Un peu plus tard, lors de la guerre entre les Talibans et l’Alliance du Nord, les forces de Hekmetyar, prises entre deux feux, prirent la fuite vers la ligne Durand et une grande partie des effectifs du Hezb-i-Islami rallièrent le nouveau mouvement des Talibans dont la lancée était irrésistible.

Après la chute du régime Taliban en octobre 2001 et l’invasion US, Hekmetyar prend ses quartiers dans le Sud-Est de l’Afghanistan, non loin des zones tribales pakistanaises où il lance un appel à la guerre sainte contre les troupes étrangères. Hekmetyar joua un rôle fort trouble en annonçant tantôt son allégeance à Al-Qaïda et ses chefs épouvantails Saoudien et Égyptien, puis changeant subitement d’alliances, il se rapproche des Talibans auxquels il n’a jamais adhéré mais crée une organisation armée qu’il a dirigée depuis son exil et dont l’objectif était de le rendre indispensable dans tout processus politique de sortie de crise. Ce qu’il finit par obtenir en 2016 lorsqu’il fut amnistié et fut autorisé à entrer à Kaboul dans un convoi très lourdement armé.

Ayant réussi à obtenir une amnistie et même un retour en force sur la scène politique afghane, Hekmetyar ne put jamais convaincre les Talibans de déposer les armes et à négocier. Les Talibans avaient une seule et unique condition pour négocier et non pas déposer les armes: le départ préalable à toute négociation politique de l’ensemble des forces militaires étrangères d’Afghanistan.

Ironie du sort, Washington a financé Hekmetyar dans les années 80 jusqu’à la fin des années 90 avant de le classer officiellement comme terroriste. Le désastre de l’intervention occidentale en Afghanistan et l’échec de toutes les stratégies asymétriques pour garantir une sortie de crise avec les honneurs ont mené les Américains à composer avec une vieille connaissance mais dont la personnalité leur échappe.

L’échec de la stratégie connue sous le nom de « Surge » inspirée par Petraeus en Irak puis l’impossibilité de gagner la guerre en Afghanistan ont convaincu les stratèges US à préférer un politicien et un seigneur de guerre fort ambitieux et violent pour contrer la chute inexorable du pays entre les mains des Talibans après presque 14 années de guerre et des trillions de dollars partis en fumée ou engloutis dans les méandres infinies d’une méga-corruption sans fin.

source:https://strategika51.blog/2019/01/20/afghanistan-hekmetyar-candidat-aux-presidentielles-de-juillet-2019/