Le président de Kirghizstan bientôt obligé de se coiffer d’un chapeau traditionnel à l’étranger

Le Parlement du Kirghizstan a fait un pas supplémentaire lundi vers le vote d’une loi qui obligerait le président de ce pays d’Asie centrale à porter l’Ak-Kalpak, le chapeau traditionnel, pendant ses déplacements officiels à l’étranger.

Une commission parlementaire de dix députés s’est prononcée en faveur de cette loi, qui instaurera des amendes en cas de « manque de respect » à l’Ak-Kalpak et obligera les responsables de cette ex-république soviétique à porter ce chapeau de feutre à l’étranger et lors de rencontres diplomatiques.

Ce vote signifie que le texte de loi sera prochainement présenté devant l’ensemble des députés. L’origine de cette loi remonte à une affaire qui avait déchaîné les passions au Kirghizstan en 2017 après que l’Ak-Kalpak avait été porté par un chien.

La prestation d’un chien défilant coiffé d’un chapeau traditionnel lors d’un spectacle canin dans un centre commercial très populaire avait tourné au scandale national.

« J’aspire à ce que l’Ak-Kalpak ait le même statut que le blason et le drapeau de la République kirghize », a expliqué devant les députés Ekmat Baibakpaïev, un des instigateurs du texte.

L’Ak-Kalpak est constitué de quatre morceaux de feutre cousus entre eux dans une forme conique, avec un rebord recourbé souvent de couleur noire. Il représente « les pics des magnifiques montagnes kirghizes, toujours couverts de neiges éternelles », avait expliqué l’an passé à l’AFP Toptchubek Tourgounaliev, à la tête d’une association pour la préservation du patrimoine national.

Depuis son indépendance après la chute de l’URSS, le Kirghizstan a connu deux révolutions et plusieurs épisodes de violences ethniques, ce qui a poussé les hommes politiques à porter une attention accrue aux questions d’identité nationale et de culture traditionnelle.

L’Ak-Kalpak est ainsi devenu de facto un symbole national en 2011, un an après la dernière révolte populaire qui avait conduit à la destitution du chef de l’Etat Kourmanbek Bakiev, et à des affrontements ethniques provoquant la mort de centaines de personnes dans le sud du pays.