Marche contre le terrorisme après l’attentat dans la capitale colombienne

Des milliers de personnes, la plupart vêtues de blanc, ont marché en Colombie dimanche contre le terrorisme et en hommage aux victimes de l’attentat attribué à la guérilla de l’ELN, qui a fait 20 morts et 68 blessés jeudi à Bogota.

Sous le mot d’ordre « Unis contre le terrorisme », différents cortèges ont défilé dans plusieurs villes du pays, en réaction à cette attaque à la voiture piégée, la plus meurtrière survenue dans la capitale depuis 2003, qui a visé l’école nationale de la police.

« Nous manifestons pour rejeter toute forme de violence, que ce soit contre les policiers ou contre les leaders communautaires », a déclaré à l’AFP Yeison Torres, un étudiant de 19, en référence aussi aux assassinats de défenseurs des droits humains, dont sept ont été tués durant la première semaine de janvier.

A Bogota, épicentre de la mobilisation, une messe était en outre organisée à la cathédrale, située sur la place de Bolivar, point d’arrivée de la marche, à laquelle ont aussi participé le président Ivan Duque, son gouvernement et certains leaders de l’opposition.

« Nous avons le coeur serré, mais nous voulons rendre hommage à nos héros, ce qui signifie rejeter le terrorisme et nous unir comme pays », a déclaré M. Duque, accompagné de son épouse Maria Juliana Ruiz.

Le chef de l’Etat, qui a fermé la porte au dialogue avec la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN) à la suite de l’attentat, que l’ELN n’a pas revendiqué, a affirmé qu' »aujourd’hui la Colombie dit assez, plus d’ELN, plus de terrorisme ».

Appel à Cuba à livrer les négociateurs de l’ELN

Samedi, il a appelé Cuba à livrer les négociateurs de l’ELN qui se trouvent à La Havane, hôte et garante de ces pourparlers de paix entamés en 2017 avec le précédent gouvernement colombien du président Juan Manuel Santos (2010-2018).

Au lendemain de l’attentat, M. Duque a réactivé les mandats d’arrêt contre ces rebelles, enterrant ainsi les pourparlers de paix avec l’ELN, et s’est montré contrarié par la réaction du gouvernement cubain, lequel a assuré vendredi qu’il respecterait les engagements pris dans le cadre des négociations.

Le président colombien estime que La Havane ne peut rien garantir aux rebelles, étant donné que son propre gouvernement ne s’est jamais assis à la table des négociations, qu’il a laissées en suspens depuis son arrivée au pouvoir en août dernier.

Il a réitéré son exigence préalable que les guérilleros « libèrent les otages (au nombre de 17 selon les autorités: ndlr) et cessent les attaques terroristes ». Il a souligné samedi que l’attentat contre l’école de la police était « un acte criminel, violant les droits humains » et pour cela, il a demandé à Cuba qu’elle « livre ces criminels afin que justice soit faite ».

L’ELN ne s’est pas prononcée sur la décision présidentielle.

En septembre dernier, elle avait anticipé que s’il était mis fin aux pourparlers, le retour de ses négociateurs devrait se faire « avec les garanties requises et comme cela a été convenu avec la communauté internationale ».

Par ailleurs, l’ex-guérilla Farc – désarmée à la suite de l’accord de paix de 2016 et transformée en parti politique sous le nom de Force alternative révolutionnaire commune – a appelé samedi le gouvernement à maintenir le dialogue avec l’ELN.

« Evitons cela à la Colombie, à ses enfants, à ses mères et pères. Ne précipitez pas la guerre totale », a écrit Rodrigo Londoño, chef de l’ex-guérilla et du parti Farc, à l’adresse du président Duque, dans une lettre ouverte diffusée sur les réseaux sociaux.

Il a également appelé l’ELN, considérée comme la dernière rébellion du pays depuis l’accord avec les Farc, à « donner des preuves de sa volonté de paix », estimant que « l’enlèvement et la terreur n’ont plus lieu d’être aujourd’hui ».

Apparue en 1964 et inspirée du révolutionnaire Che Guevara, l’ELN compte encore environ 1.800 combattants et opère dans une douzaine des 32 départements de Colombie.

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